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418 JEAN-BAPTISTE LANOIX. Ce qui, généralement empêche de désirer une très longue vie, c'est l'isolement dans lequel se trouve presque toujours un vieillard, précisément à cette époque où, comme dans l'en- fance, on a grand besoin d'appui, où, plus que dans l'enfance, on a besoin d'un entourage qui jette de la tranquillité et du charme sur l'existence ; à cette époque où l'homme voit tom- ber autour de lui ses proches, ses amis, tous ceux qui lui sont chers, et sans aucun espoir de les remplacer dans une géné- ration nouvelle, dont le jeune âge, sympathisant difficilement avec le sien, ne saurait s'accommoder des dégoûts dont la vieillesse est quelquefois accompagnée ! Lanoix n'a jamais été mis à d'aussi cruelles épreuves. Veuf depuis 1822, ce qu'il avait a regretter par la perle d'une com- pagne chérie, il l'a retrouvé dans une famille adoptive que lui avait réservée la Providence. M. Sébastien MONTERKA, chef honorable d'une ancienne famille lyonnaise, ayant épousé en premières noces, une nièce de Jean-Baptiste Lanoix, les rapports les plus intimes, les liens de la plus tendre affection, s'établirent entre eux. Lanoix trouva, dans cette maison aussi estimée qu'estimable, tout le charme qui naît d'un attachement mutuel et toutes les dou- ceurs que donne l'aisance, M. Sébastien Monterra lui ayant fait une position que sa modeste fortune n'aurait pu lui pro- curer. Les bons sentiments, comme les bonnes actions, se perpé- tuent dans les familles. Les enfants de M. Monterra, accou- tumés par son exemple à vénérer leur parent adoptif, furent heureux de partager avec leur père les soins affectueux dont le digne vieillard fut entouré jusqu'au jour où, dans l'amer- tume de leurs regrets, ils se virent appelés à lui fermer la paupière. C'est ainsi qu'après avoir parcouru avec distinction une carrière utile, qu'après avoir joui, à l'abri des besoins du corps.