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352               DE LA FAUTE DE     L'HOMME

qu'à l'infini, c'est nous autres qui parviendrons à constituer
Dieu !
   Car même, aux yeux de la plus stricte observation, ce qui
existe, ce que nous avons appelé substance, ne prend cons-
cience de soi qu'en nous-même. Au commencement, l'être
n'a eu d'autre source que l'éternelle nuit du néant; et il n'est
arrivé, à (ravers les transformations de la matière, à se saisir
que dans notre raison. C'est là que, pour la première fois,
l'absolu s'est reconnu, a commencé à prendre possession de
son moi et à se constituer Dieu. L'humanité, c'est Dieu qui
se fait...
   Tel est le haut et le bas d'une science faite du point de
vue humain.


   Dites que ce n'est pas là un merveilleux panthéisme. Il se
peut qu'on ne se soit pas exprimé aussi clairement; ainsi,
celte science se commencera d'un côté du Détroit, mais on
l'achèvera de l'autre. On fera la psychologie de ce côté-ci d'un
fleuve, au-delà on en fera l'ontologie; et, malgré la pureté de
ses intentions, tout rationalisme se conclura par le panthéisme.
La philosophie, moins que tout autre science, ne peut empê-
cher l'homme d'être logique.
    Descendez dans le fond de toutes les doctrines possibles, si
elles laissent croire à I'ame qu'elle vit d'elle-même et lui as-
signent plus ou moins le bonheur en ce monde, vous y ren-
contrerez ce panthéisme dont le Ciel et l'Eden ont été le pre-
mier théâtre. Soyez sûrs de trouver l'orgueil au fond de toute
 erreur comme au fond de tout mal. Allez atteindre celte ar-
rière métaphysique sur laquelle repose la métaphysique en-
seignée ; arrivez à ces principes du fond que supposent ceux
qui constituent la science traitée, et vous serez obligés, pour
expliquer la métaphysique et les principes de tout philoso-