page suivante »
ET DE SA RÉPARATION. 35 î Loin de voir Dieu si grand, si absolu, qu'il serait tout, que le monde et le temps ne seraient plus rien, dans notre esprit, au contraire, nous voyons le monde et le temps si grands que nous lui vouons tout notre culte, et ne savons plus trouver de place pour Dieu, Nous sommes loin d'être menacés du su- blime panthéisme des bons Orientaux ! Mais si Dieu n'est pas ce monde, si Dieu n'est pas l'homme, c'est l'homme qui est Dieu. Tel est notre panthéisme à nous, Occidentaux. Voilà ce qui nous est arrivé après avoir trop exclusivement développé la notion de l'homme ! Dans notre, pensée, il a pris tant de place> qu'il est devenu semblable à Dieu. L'homme possède le principe de sa conservation, il n'est point dépendant, sa vie spirituelle est assurée, elle ne relève que de lui-même. Allez dire à un homme du Monde, par exemple, que son intelligence ne vient pas complètement de lui ; expliquez-lui Ia~part que Dieu y a prise et vous verrez celle que son orgueil lui laissera ! Aux yeux des panthéistes, non seulement l'homme pense entièrement par lui-même, non seulement il agit par lui-même, mais il existe aussi par lui-même et pour lui-même; et existant par lui-même il a en son sein une source inépuisable d'être qui doit nécessaire- ment conduire à l'infini son développement sur la terre ; car qui dit développement, dit l'infini qui commence. Le progrès des civilisations n'est que cette marche de l'être. Or, l'homme devant parvenir un jour au développement in- fini, comme c'est une conséquence nécessaire du progrès de l'être, on ne voit plus alors où aurait pu être Dieu. Aussi, par suite de la loi du progrès de l'être, est-il de toute évidence que Dieu n'est pas encore constitué, comme on l'avait primi- tivement pensé. Si Dieu existait déjà , tout serait fini, la marche de la vie serait arrêtée, la création serait fermée. Dieu est in fieri; et il devient tout à fait hors de doute qu'en dévelop- pant de plus en plus les principes absolus de notre ame jus-