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282 MÉMOIRE SUR L'ATLANTIDE. qu'on regarde ce que tu viens de dire, non comme une fable inventée par nous, mais comme une histoire véritable (l). » Voyons maintenant ce que dit Platon dans son Crilias. Re- marquons que ce dialogue de Crilias porte aussi dans les œuvres de Platon le nom d'Atlantique , preuve que la des- cription et l'histoire de notre Atlantide en faisait le principal sujet. Malheureusement une partie de ce dialogue nous manque; mais ce qui a été perdu peut être assez facile- ment suppléé par ce que dit Platon dans son Timée. Dans ce dialogue de Crilias, c'est toujours le même Crilias qui raconte ce que lui avait appris son aïeul qui, lui-même, avait été instruit par Solon sur ces traditions qu'avait con- servées l'Egypte. Hermocrale, un des interlocuteurs, ayant dit à Crilias qu'il fallait, après avoir invoqué le secours de Phcebus et des Muses, célébrer par de dignes louanges le souvenir des hommes illustres des premiers temps et de ceux qui ont bien servi leur patrie. « Il faut joindre, lui répond Critias, à l'invocation de Phcebus et des Muses, celle de Mnémosyne, la déesse de la mémoire (2), car c'est d'elle que dépend particulièrement le succès du récit que je vais faire. Car, si nous nous rappelons suffisamment, et rapportons avec exac- titude les traditions que les prêtres ont confiées à Solon, e* que Solon nous a transmises, il me semble que nous nous serons suffisamment acquittés de l'office qui nous était confié. Mais commençons, et ne retardons pas davantage. (i) Plusieurs passages de ce dialogue semblent confirmer ce que la géologie moderne nous apprend que, dans les premiers âges du monde, les éruptions de volcans, les tremblements de terre; les convulsions de la nature étaient bien plus fiécpicntes que maintenant, et venaient bien plus souvent que dans ces derniers siècles effrayer l'Univers. (2) Pourquoi invoquer la Déesse de la mémoire, si le réeil que Crilias va l'aire n'est qu'une fiction?