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MADEMOISELLE DE MAGLAND. 251
sujet des informations précises, et je viens vous prier, non seule-
ment de ne rien négliger pour les obtenir, mais encore de me les
transmettre au plutôt. En toute autre circonstance, je n'attacherais
aucune importance à un avis anonyme, mais il suit de si près celui
que m'a donné ma mère sur le même sujet, et précise les choses
avec tant de détails, qui ont tous l'apparence de la vérité, que
je suis presque forcé d'y croire. D'un autre côté, je m'aperçois
que M. de Magland désirerait retarder mon mariage jusqu'à ce que
les travaux qu'il fait exécuter au Genêt soient terminés, et je veux,
au contraire, en hâter l'époque de tout mon pouvoir, de manière Ã
ce qu'il soit conclu avant que la ruine de M. de Magland soit tout
à fait officielle ; lorsque j'aurai acquis le droit de m'immiscer à ses
affaires, peut-être sera-t-il possible de les arranger sans bruit. Je
désirerais vivement épargner à Marie la connaissance de tout ceci,
et je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour y arriver. Soyez
assez bon pour ne point informer Mme O'Kennely du contenu de ma
lettre ; dans son amitié pour Marie, elle croirait peut-être devoir la
prévenir du coup qui la menace, et s'il faut absolument qu'elle en
soit instruite, je préfère qu'elle le soit par moi.
« Adieu, mon cher Edouard, je compte sur vous. »
Raoul, plus tranquille après avoir écrit cette lettre, et décidé Ã
presser son mariage, résolut d'avoir un entretien avec Marie avant
de s'adresser à M. de Magland ; déjà la douce influence du printemps
se faisait sentir; de frais parfums s'élevaient de la terre ; les haies,
les arbres commençaient à fleurir; la renoncule des prés et le myo •
sotis s'épanouissaient au bord des ruisseaux, et Marie avait recom-
mencé ses longues excursions à travers les bois et les champs. Ce
fut au retour d'une de ces courses que Raoul l'attendit un jour Ã
l'entrée du parc. — Combien je suis heureux de vous rencontrer
seule, Marie ! depuis bien des jours j'en cherche en vain l'occasion ;
j'ai à vous entretenir de choses importantes à notre bonheur mu-
tuel ; ici nous pourrons causer sans être interrompus. — Le sentier
qu'ils suivaient conduisait à un pavillon rustique, à perron de bois,
comme un chalet, qui se cachait dans un massif de marronniers et
de tilleuls où les oiseaux gazouillaient en bâtissant leurs nids ; quel-