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                   MADEMOISELLE DE MAGLAND.                      159
lieu toléré pour les.duels ; c'est une ruelle si étroile qu'on suppose
que, s'y rencontrant, il a été impossible d'éviter son adversaire. Au
moment où nous mettions flamberge au vent, nos valets, portant
d'énormes paniers pleins de gibier, s'avancèrent en courant, en nous
annonçant que nous avions chacun tué juste cent sept cailles. Nous
rengainâmes, el oncque de là nous fûmes amis à la vie, à la mort.
A Malte, toutes les fois qu'on voulait s'amuser, on annonçait un
carnaval ; on en faisait cinq ou six par an ; on se déguisait, et l'on
donnait des bals à la Vittoriosa, de l'autre côté du port, où l'on se
rendait en barques illuminées et pavoisées. Dans une de ces occa-
sions, Penhouëdic imagina de tirer un feu d'artifice sur le mont
Coradin, au fond du port ; cette galanterie toute nouvelle de la part
d'un chevalier de si bon lieu eut un succès complet. — Ici, Mm(3 de la
Rochemarqué daigna sourire. — Le vieux Commandeur, qui substi-
tuait volontiers le monologue au dialogue, et qui s'apercevait qu'il
gagnait du terrain, continua — : Penhouëdic fut désigné parle Grand-
Maître, pour faire partie de l'ambassade qui alla demander à l'em-
pereur de Russie do protéger l'Ordre contre les armements de la
France et contre la flotte de l'amiral Hood. On porta à Paul lCr
l'épée de la Valette, la croix de l'île Adam qu'on ôta à la Vierge do
Philerme de l'Eglise paroissiale, et la cotte d'armes de Pierre d'Au-
busson, sacrilèges faveurs que la Providence a punie en attirant l'œil
du conquérant de l'Italie sur notre île. Il y avait une ancienne pré-
diction qui disait que Malte finirait quand un grand maître de la
langue allemande commencerait. Ce fut effectivement l'incurie du
Grand-Maître de Hompesch, tout nouvellement nommé, qui livra
l'île au général Bonaparte, qui avoua depuis que s'il ne s'était pas
trouvé quelqu'un en dedans pour lui ouvrir les portes, il n'aurait pu
les ouvrir du dehors, montrant ainsi que la trahison seule l'avait
rendu maître de la ville. La république stipula une pension de
trois cent mille francs au Grand-Maître, qu'il ne reçut jamais, et
d'assez modestes pensions aux chevaliers de la langue de France.
En retour, le contrôleur de l'armée, aidé du citoyen Bertholet, en-
levait l'or, l'argent et les pierres précieuses qui se trouvaient dans
l'église Saint-Jean, l'argenterie des alberges des diverses langues
et celle du Grand Maître. L'on fondit en lingots les objets d'or et