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142 DE LA LONGÉVITÉ cieux, qui leur sont antérieurs, le célibat compte peu d'indivi- dus, qui soient parvenus à un très grand âge. Les hommes qui ont fourni une carrière extrêmement longue, et dont l'histoire a été conservée dans les traités spéciaux de la science, s'était fait remarquer par la durée insolite de leur faculté procréatri- ce. En second lieu, et en descendant le tableau, nous trouvons la contre-épreuve de ce que nous venons d'avancer, car nous voyons le nombre des vieillards diminuer dans les professions, où les passions augmentent, où la dévorante ambition surtout est l'ame, le stimulus de tous les efforts. Quelles carrières sont plus agitées, en ce sens, que celles des avocats, des artistes et des professeurs! Nous vivons au dehors avec excès, a dit Bichal; nous abusons de la vie animale; elle est circons- crite par la nature, dans les limites que nous avons trop agrandies pour sa durée : aussi , n'est-il pas étonnant qu'elle finisse promptement. Tout est usé dans cette vie sous l'influence sociale : la vue, par les lumières artificielles; l'ouïe, par des sons trop répétés; l'odorat, par des odeurs dépravées; le goût par des saveurs qui ne sont point dans la nature; le cerveau, par la réflexion, etc.; tout le système nerveux, par mille affections que la société donne seule, ou du moins qu'elle multiplie. En écrivant ces lignes, l'illustre anatomiste semblait faire une sorte de retour sur lui-môme, lui dont la vie fut en même temps si féconde et si courte. Usé par les veilles et la réflexion, et aussi par quelques habitudes d'in- tempérance, ce beau génie s'éteignit à la fleur de l'âge, en léguant à la postérité des œuvres incomplètes, des opinions erronées sur beaucoup de points, mais qui étaient pour lui un préambule. Bichal ne fut qu'un grand anatomiste, il fut devenu peut-être un grand médecin. Enfin, pour nous résumer, nous empruntons le passage suivant à un physiologiste qui, depuis longtemps, a l'honneur d'être souvent cité; ces paroles sont, surtout à notre époque,