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94 MONOGRAPHIE HISTORIQUE Nous n'attribuons pas aux soldats d'Abdel-Ram ou d'Allhim cet ouvrage militaire, fait avec de la terre, et qui semble appartenir à une époque moins ancienne. Mais son nom est un indice qui permet de supposer que cette fortification a été élevée sur un champ où les Sarrasins avaient dressé leurs lentes et où ils ont laissé leur nom. 11 est donc tout à fait présumable que, de cette contrée, ils se sont répandus sur les autres parties du Bugey pour les dé- vaster; que de là ils sont allés saccager et ruiner la ville d'Orindinse, comme l'atteste la chronique de Saint-Amand. Celle destruction fut, en effet, si complète, que, il n'en est resté que le nom, bien qu'on sache assez exactement le lieu où elle était, d'après l'indication remarquable de la lé- gende, et aussi d'après quelques décombres découverts (1) près du confluent de l'Oignin et de l'Ange, à douze cents mètres a peu près du château de Montréal, construit à la place môme de la citadelle du mont Helnon. Les Sarrasins ne s'arrêtèrent pas à Orindinse. Des noms et des traditions que nous trouvons plus loin indiquent qu'ils poussèrent leur excursion jusqu'à la Porte sarrasine de Gex, et qu'ils traversèrent ces étroits défilés ouverts par les eaux puissantes du Rhône, défilés où, du temps de Jules César et de Constantin, passèrent aussi, comme nous l'avons rapporté, les hordes barbares des Helvètes et des Germains. Les guerriers basanés de l'Afrique y trouvèrent une ville, si l'on en croit la tradition, plus considérable qu'Orindinse, la ville des Tattes qui disparut du sol vers cette époque, et dont on leur impute la ruine. La mémoire de cette ancienne ville n'est point éteinte daus cette contrée ; elle montre le champ où fut la cité des Tattes, près de Châtillon-de-Mi- chaille, non loin des bords escarpés de la Valserine. Ce lieu (i) M. Rouyer, Notice hist. sur Santua.