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436                  COUP-D'OEIL GÉNÉRAL
  primer) poursuivre, depuis l'aurore des temps, depuis l'appa-
  rition de l'espèce humaine, sa course progressive d'orient en
  occident, ou plutôt du sud-est au nord-ouest, dans les limites
  de cette zone tempérée que le soleil physique éclaire du plus
  beau jour. La voyez-vous descendre des bosquets aériens où
  Dieu lui-même appelle le premier homme, pour éclairer les
  anciens patriarches et leur offrir l'ébauche de tous les arts ?
  La voyez-vous accompagner Noé voguant sur les eaux de
 l'abime, visiter Abraham sous la tente pastorale et Moïse dans
 le palais des rois ? C'est la colonne de feu qui traverse le
 désert, c'est la foudre qui tonne au Sinaï ! Cependant l'étin-
  celle divine s'était montrée aux sommets du Taurus, de
 l'Altaï, de l'Himalaya ; l'Assyrie, l'Egypte, la Perse, l'Inde
 et la Chine avaient senti son influence, et leurs nations
 favorisées s'enrichissaient d'ingénieuses découvertes. Les rives
 de l'Euphrate, celles du Nil et du Gange reflétaient de somp-
 tueux édifices sur lesquels se peignait, en traits ineffaçables,
l'effort victorieux de la pensée humaine ; tandis que les vais-
 seaux Phéniciens s'apprêtaient, les voiles déployées, à porter
 la lumière jusqu'aux confins du monde. L'Europe cependant
 sommeillait, plongée encore dans la vie instinctive, et ses
 peuples, sauvages comme la nature dont ils affrontaient les
 obstacles, n'entrevoyaient, dans leurs sombres forêts, que les
 misères de l'humanité, quand tout à coup une faible langue
 de terre, environnée d'écueils, s'éclaire d'un jour nouveau.
 L'étincelle, partie de la Phénicie, se reflète sur les monts de
 Thrace, bientôt elle illumine la Grèce, et rayonne sous le
 conflit des armes. La chute retentissante d'une ville d'Asie
 fait vibrer une lyre immortelle ; Homère ouvre la roule glo-
 rieuse où le génie ne s'arrêtera plus. Au caractère solennel,
(mystérieux de l'inspiration orientale succède une inspiration
plus libre, plus active, plus individuelle. La vérité y perd
 en profondeur, elle s'altère sous des fictions sans nombre ;