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366 DES SYSTÈMES DE CONCESSION se modifient, de nouveaux besoins surgissent, le monde s'en- richit d'inventions nouvelles qui permettraient de réduire les tarifs et de donner plus de bien-être ou plus de sécurité aux voyageurs; les compagnies peuvent rester en dehors de ce mouvement général, elles peuvent repousser des inno- vations heureuses, elles peuvent continuer des perceptions devenues exorbitantes. Certainement, on ne doit pas suppo- ser que les compagnies poussent aussi loin l'inintelligence et le mauvais vouloir; ce serait tomber dans un pessimisme trop absolu. Admettons donc une hypothèse plus vraisem- blable : les compagnies adopteront les inventions nouvelles, elles offriront aux voyageurs tous les avantages désirables, elles iront même jusqu'à réduire leurs tarifs. Mais elles ne seront pas complaisantes au point de placer les intérêts géné- raux au dessus de leurs propres intérêts. Si l'État a besoin de leurs chemins pour certains emplois d'utilité publique, s'il devient urgent de modifier quelques parties d'une ligne de fer, s'il s'agit d'un sacrifice important et nécessaire, et bien certainement des éventualités de ce genre se manifesteront pendant une période de quatre-vingt années, les compagnies usant de leurs droits pourront résister, ou bien elles feront chèrement payer ce qui leur sera demandé. Enfin, pour der- nière hypothèse, si les bénéfices réalisés par les compagnies atteignent une élévation démesurée par l'effet des économies dont le progrès des sciences aurait gratifié les frais d'exploita- tiou, il faudra se résigner à laisser cet impôt extraordinaire pe- ser sur le pays. On répond à ces objections que, dans ces cas, l'État pourrait user de la faculté à lui réservée de déposséder les compagnies, à partir de la quinzième année de leur exploi- tation, sous la seule obligation de leur payer, durant tout le temps pendant lequel la concession devrait encore durer, une annuité réglée d'avance par le cahier des charges sur les mê- mes bases que dans le système de t842. Voyons quelle in-