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BULLETIN THEATRAL. 309 aux pieds de la danseuse, dans un bouquet de roses, de myrthe et de laurier : A MARIE TAGLIONI. L'art et la poésie en toi sont incarnés : Ta danse nous traduit Raphaël sur la scène ; Ses contours les plus purs, tu les as devinés, Sous tes pas la pudeur suit la grâce païenne. En te voyant à peine effleurer notre sol, Chaste fille de l'air, sylphide poétique, De Nodier on croit lire un conte fantastique, Et du lutin Trilby tu reproduis le vol. Adieu, Taglioni ! comme les hirondelles, Vers des bords plus heureux trop vite, hélas! tu fuis.... Douce apparition des Mille et une Nuits, On ne peut te fixer, car Dieu t'a fait des ailes. Sur cette môme scène, Bocage a remplacé Taglioni, Lu- crèce a succédé à la Sylphide. Après la danse, ce charme des yeux, la poésie, le charme de l'oreille et de l'esprit. Nous ne connaissions pas encore, sur la scène, l'œuvre de notre voisin M. Ponsard. Et vraiment ce relard, qui n'eût élé qu'un crime de lèze-indifFérence en littérature, devenait plus grand alors que l'auteur était si près de nous, et que nous devions, nous aussi, en tirer quelque orgueil. Mais Bo- cage a frappé si souvent à la porte de notre temple que nous lui devons d'y avoir vu pénétrer Lucrèce, et nous l'en r e - mercions vivement pour notre part. Le public s'est associé par sa présence et par ses applaudissements à cet acte que nous a fait si longtemps attendre la trop exclusive prédilec- tion de nos directeurs pour un seul genre. Et pourtant, on l'a vu, il y avait là de fructueuses receltes. Bocage a été à la hauteur du rôle de Junius. Son jeu muet, l'ensemble du personnage, physionomie, costume, tout a été rendu avec une intelligence et une exactitude dignes d'éloges. Sa diction seule nous a paru donner quelque prise à la critique. Elle est