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LE P. BERAUD. v 243 ses observations. Vous seriez étonnés du travail qu'elles pa- raissent avoir exigé. Vous verriez toujours le calcul marcher à la suite de l'observation. Vous trouveriez toujours des résultats intéressants, des théories perfectionnées, des sys- tèmes combattus par des faits et des raisonnements solides, d'autres appuyés sur ce que la géométrie a de plus sublime. Mais j'embrasserais trop, et je fatiguerais votre attention par des détails qui ne peuvent être bien suivis que dans le si- lence et le repos du cabinet. II me reste encore assez d'autres matières pour vous prouver combien notre Académicien a travaillé pour les sciences, et qu'elle était en ce genre l'u- niversalité de ses talents. Il ne dédaignait rien de tout ce qui pouvait y avoir quelque rapport. La vaine gloire ne fut jamais le but de ses travaux, et il s'occupa toujours moins de lui-même que du bien général. Il a consacré une partie de son temps aux observations météorologiques. On doit savoir gré à un homme qui trouve des charmes dans les hautes spéculations de la géométrie, de la patience et de l'as- siduité qu'exigent ces sortes d'observations. Celles qu'il fait dans le ciel ne surprennent pas ; elles sont la matière de ses calculs, elles servent d'aliment à ses plaisirs. Mais exa- miner plusieurs fois, chaque jour, la température de l'air, les changements qui arrivent dans sa pesanteur, les diffé- rents effets qui en résultent ; mesurer la quantité d'eau que lesfleuveset les rivières fournissent aux nuées, celle qu'elles distribuent dans les différentes parties du globe; suivre la marche des vents, les variations de la boussole ; tenir un compte exact de la floraison des arbres, de la maturité des fruits, de l'abondance ou de la disette des récoltes : tous ces détails, et beaucoup d'autres, ne demandent pas une patience ordinaire ; peu de savants ont le courage de s'en occuper. La météorologie est en honneur ; les Maraldi, les de Mairan, les Muschenbrok en ont fait une branche de la physique mo-