Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
252                            HISTOIRE

 nos jours on eut impertubablement accusé d'ignorance son divin
maître, parce que dans sa sagesse il n'écrivit rien sur ces sciences
qui dérivaient toutes de lui. A bien plus forte raison, ainsi devra
faire le plus souvent le prêtre ; et s'il croit utile d'écrire qu'il le
fasse au point de vue divin comme autrefois Bossuet traça par ha-
sard pour son royal élève l'admirable tableau de l'histoire univer-
selle. Jérôme lui-même s'est quelquefois repenti d'avoir trop écrit.
Si l'Esprit-Saint est avec l'Eglise, c'est lorsqu'elle prononce sur le
dogme ; hors de là elle n'est plus qu'une autorité humaine soumise
par conséquent aux conditions de la faiblesse humaine, à la mobi-
lité, à l'erreur. Or, l'erreur de l'homme-prêtre est plus grave que
celle des autres hommes, car la malice du siècle cherche à s'en faire
une arme contre la religion qui reste cependant étrangère à toute
passion des individus. Quel rapport par exemple, entre la sainte
Eucharistie et les patriotiques larmes que versa Jérôme sur la ruine
de Rome? Il faut bien reconnaître qu'il y a dans le prêtre deux per-
 sonnes, le minisire de Dieu et l'homme plus ou moins imbu des
pensées de son siècle. Or, il est bon que cette seconde personne
s'efface souvent devant la première de peur qu'on cherche à ren-
verser l'autorité surnaturelle de celle-ci à l'aide des fautes de celle-
là, de peur aussi qu'avec une bonne foi charmante l'hostilité déna-
ture ses pensées et mutile ses phrases écrites pour baser l'erreur
sur la calomnie. Sauver les âmes, faire luire sur le monde les vérités
éternelles, relier entre eux les peuples par un commun amour, por-
ter aux lointaines tribus de la famille humaine la civilisation, la foi,
le bonheur, enseigner l'enfance ainsi que le faisaient Gerson à Lyon
et Jérôme à Jérusalem, voilà surtout l'office du prêtre : en le rem-
plissant, il peut se consoler de passer pour ignorant aux yeux du
monde.
   Nous avons essayé de rappeler brièvement une partie des pensées
contenues dans les deux volumes de Y Histoire de saint Jérôme.
Sommes-nous parvenus à en reproduire non pas Pâtirait, mais seu-
lement l'exactitude! Nous engageons vivement le lecteur à s'en as-
surer lui-même. Ce livre, dédié au cardinal de Bonald et approuvé
par lui, sera précieux aux Catholiques et à tous les amis des fortes
études historiques. Le style en est constamment pur; plusieurs