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236 HISTOIRE des orgueilleux schismaliques dans les mains desquels la vérité les a plus d'une fois brisées. C'est chose curieuse à voir qu'en dehors de la philosophie catholique toute marche de l'esprit a été rétro- grade ; dès longtemps le principe que venait détrôner l'Evangile a épuisé toutes ses ressources. Un livre du IVe siècle, les Récogni- tions, rapporte comment le christianisme se recrutait parmi la jeunesse studieuse: "Plusieurs des premiers chrétiens ne le devin- rent, ainsi qu'Augustin, qu'après avoir parcouru le cercle entier des nombreuses écoles philosophiques. Chassés de l'une à l'autre par un égal désappointement, mais toujours animés du désir de trouver un but pour la vie et une règle de leurs actions, ils allaient enfin étu- dier le christianisme et s'y arrêtaient. » De là vinrent, plus tard, chez des esprits superbes ou dépravés, les hérésies imbues des doctrines de Pythagore, de Platon ou même d'Epicure. L'erreur était donc condamnée comme elle l'est encore, et comme elle le sera toujours, à remonter vers les clartés douteuses de la sagesse païenne ou vers les licencieuses folies du vieux monde : « L'histoire impassible lui a déjà répondu. Combien de prétendus Jésus renver- sés pêle-mêle depuis ces temps ! telles on voit ces longues lignes de cartes patiemment dressées par des enfants, le moindre souffle les abat; on les relève, il les abat encore. Ainsi le souffle divin cou- che à terre les schismes et les hérésies quand et comme il lui plaît. Son heure, il la connaît; ses moyens abondent, il les choisit à son gré. La chose certaine, c'est que l'Eglise, enfant de sa parole, sera jeune et forte toujours. Riche de ses traditions et de ses victoires, qu'elle laisse donc le plus souvent passer l'attaque en se bornant à signaler le danger aux fidèles. Sa preuve est faite depuis des siècles, elle éclate aux yeux de quiconque l'étudié avec un esprit non pré- venu et sans passions. Que son attitude soit donc surtout patiente et miséricordieuse ; l'égarement déposant son aigreur reviendra bien vite à elle. Jérôme, tout ardent qu'il était, reconnaissait cependant qu'il fallait chez les adversaires de l'Eglise quelque mérite pour grouper autour d'eux de pauvres esprits trompés, ne fût-ce qu'un peu de jours. D'un autre côté, si, vers ce même temps (380), Grégoire dé- sarma l'erreur à Constantinople désolée, il faut bien reconnaître