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228     ANCIENNES INSTITUTIONS RELIGIEUSES DE LYON.

^ n e paix céleste succèdent au trouble et à l'amertume où j'é-
 tais plongée ; une inexplicable consolation s'empare de mon
 ame et se répand jusque sur mon front, où la grâce d'en
 haut semblait être peinte, à ce que m'a dit depuis la Mère
 Prieure ; je vais au Chapitre, où il me semblait voir les cieux
 ouverts et les anges qui s'y réjouissaient de ma conversion ;
 je prononce mes vœux avec une voix ferme et une joie qui
 surprend toute la communauté, et je me sens pénétrée d'une
 onction que les bienheureux, qui sont dans le ciel, auraient
 pu m'envier. Cet élat de saintes délices dura plus de huit
 jours de suite sans interruption, après lesquels Dieu me mit
 dans la disposition habituelle où doit être ici-bas une ame
 pécheresse telle que la mienne, qui sait sûrement qu'elle a
 un million de fois mérité l'enfer, et qui ignore si sa pénitence
 et son repentir sont dignes de pardon. Dieu, néanmoins, de
 temps en temps m'envoyait des consolations : quelque temps
 après avoir prononcé mes vœux, je me trouvai, en dormant,
 occupée d'un songe bien significatif ; il me semblait être ap-
 puyée fort tranquillement sous un des portiques du petit quai
 de Grèves, qui est entre le Pont-au-Change et le pont Notre-
 Dame de Paris ; que de là je voyais le bras de la Seine rem-
 pli d'une multitude innombrable d'hommes et de femmes de
 tout âge et de tout état, qui se pressaient les uns sur les au-
 tres, se précipitaient violemment, et sans retour, sous les ar-
 ches du Pont-au-Change, qui paraissaient être autant de
  gouffres profonds ; la compassion de tant de personnes qui
 périssaient me frappa tellement, que je m'éveillai: je n'eus
 pas besoin d'aller bien loin chercher l'explication de mon
 songe, qui me montrait évidemment le gouffre d'où la main
 de Dieu m'avait tirée pour me mettre dans la salutaire prati-
 que de son Église.
    « Le démon, recommençant son ancienne persécution, me
 tourmenta de nouveau, non plus, comme à Ponl-de-Vaux,