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306         DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPUIE

isolant la vie religieuse de la vie humaine en général, est une
forme positivement défectueuse de l'association universelle,
pendant que l'Etat religieux en est, de sa nature, la forme
parfaite. Il ne reste donc qu'à avouer que la situation idéale
dont nous cherchons à nous former une idée précise ne peut
être conçue autrement que comme une union telle des deux
associations rivales, que l'Eglise soit absolument absorbée par
l'Etat chrétien.
   Le christianisme primitif a pu chercher à se constituer en
Eglise, ou plutôt il a nécessairement dû le faire, quelque dé-
fectueuse que nous jugeons aujourd'hui cette tendance, parce
que dans les premiers siècles de l'ère chrétienne l'idée de
l'Etat était à juste titre assimilée à celle du monde, et que
l'Etat religieux n'était pas encore formé. Aujourd'hui que
les circonstances sont différentes, l'Eglise qui jadis a été n é -
cessaire le devient moins de jour en jour et à mesure que l'Etat
chrétien se développe. Elle est encore bien éloignée, il est
vrai, l'époque fortunée qui jouira de la réalisation de l'Etal
parfait; mais néanmoins cette époque approche. L'Eglise,
comme institution, a suivi un développement ascendant jus-
qu'au jour où, par suite de la puissance même de la vie r e -
ligieuse qu'elle avait nourrie et qui ne voulait plus supporter
des liens serviles, son organisation a été mortellement blessée
par la réforme et son mouvement libérateur. Depuis lors, le
développement de l'Eglise comme institution décline. L'esprit
religieux, au contraire, se développe tous les jours davan-
tage. Il en résulte que le moment viendra où l'esprit chré-
tien détruira complètement la forme défectueuse et contra-
dictoire qu'il a été obligé de se donner dans l'origine; le jour
arrivera où la théologie sera identique à la philosophie, où
le culte de l'art profane aura fait tant de progrès que, trans-
figuré et sanctifié, il prendra la place du culte religieux, où
l'arl sacré, en devenant l'objet d'un culte général, sera devenu