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19(5 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE les grandeurs qui sont à la veille d'être détrônées, il eut re- cours non aux armes de l'esprit, mais à celles de la chaire : requérant l'aide des tribunaux, il poursuivit Paulus comme plagiaire. C'était mêler un débat bien mesquin aux questions les plus nobles et les plus élevées ; c'était remplacer de hautes discussions de doctrines par des réquisitoires et des procès. Absous d'abord, Paulus vient d'être déclaré coupable par le tribunal suprême de Berlin ; son livre a été saisi et défendu dans les états prussiens. La lettre delà loi interdit, il est vrai, d'imprimer un cours public sans l'autorisation expresse du professeur, et assimile un cours ainsi publié à une contre- façon. Mais, d'un point de vue plus élevé, Paulus est pleine- ment absous par le caractère de son livre qui, bien loin de ressembler aux contrefaçons, de reproduire simplement les leçons de Schelling, d'être une entreprise de librairie, ne poursuit évidemment aucun autre but que l'intérêt scienti- fique, et est dans la majeure partie de ses pages une critique à laquelle l'exposé de la doctrine de Schelling ne sert que de prémisses et de justification. Comment, en effet, mettre le lec- teur à même de prononcer un jugement, sans donner d'abord les pièces du procès? Et quelle étrange prétention que celle de vouloir, au milieu du silence le plus absolu, régner sur le monde philosophique, à l'aide d'une nature inexorable qui fermerait la bouche, à la fois, à l'historien et au critique? Quoiqu'il en soit de cette question de forme qui, par suite de l'acharnement que Schelling met dans les affaires de ce genre, est parvenu à dominer la question de fond et de doctrine ; ce qu'il est plus important de constater, et ce dont il faut se hâter de prendre acte, c'est qu'en invoquant le secours des tribunaux, Schelling a implicitement reconnu lui-même l'exac- titude du rapport incriminé. En poursuivant cette publication, Schelling a déclaré tacitement que, dans son ensemble, elle est