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L'DLTRAMONTANISME. 153 lions voisines; si cette égalité et cette fraternité de tous les hom- mes et de tous les peuples étaient écrites partout dans la loi civile et dans les codes internationaux, si les devoirs de chacun envers ses frères et vis-à -vis de la société étaient compris de même par les riches et par les pauvres, par les gouvernants et les gouvernés; en un mot, si tous avaient des croyances pareilles sur le gouverne- ment de la création par Dieu, sur le gouvernement de la société par elle-même, sur le gouvernement de chaque homme par lui-même vis-à -vis de ses semblables et de la société; dans cette hypothèse, que manquerait-il à l'unité religieuse? et cette hypothèse devient chaque jour plus plausible, elle est réalisée dans la théorie pour tous les esprits éclairés. En France, le principe de la fraternité est écrit dans la ioi, et chaque jonr il se développe. Cette unité vers laquelle gravitent tous les peuples de l'Europe sera la véritable unité, celle du moyen-âge n'était qu'apparente, qu'est-ce que l'unité qui a comporté un état de guerre perpétuelle, l'esclavage, l'anarchie in- dustrielle et scientifique? Maintenant qui pourrait nier que cette unité moderne ne tende à se réaliser dans un milieu parfaitement in- dépendant de toute secte religieuse; l'ordre civil si imparfait encore, il est vrai, est-il juif, protestant, catholique? Quand toutes les amé- liorations qui découlent du principe de fraternité seront introduites dans la loi, sera-telle davantage l'œuvre et le patrimoine exclusif d'une seule communion ; et cependant pourra-t-on refuser à un ordre de choses qui embrasse l'ensemble des rapports des hommes en- tr'eux, la qualité de religieux? Que veut donc dire religion, si ce n'est ce qui lie. Eh ! bien, ce qui lie aujourd'hui les hommes en- tr'eux, c'est dans chaque nation la loi civile, c'est dans l'Europe en- tière la civilisation, cette unité religieuse qui s'est formée aussi sous la direction et la garde de Dieu. Dans l'état actuel de l'Europe, les religions divisent ce que la civilisation unit. Cette unité divine dont M. Quinet salue l'aurore, cette unité qui est réellement nou- velle, car elle n'a pas eu d'exemple dans le passé, ce n'est pas d'un dogme non encore révélé qu'il l'attend, elle ne doit pas naître d'une parole nouvelle, elle a ses racines dans le passé, elle est issue du christianisme, elle n'a pas un nom nouveau, elle s'appelle civilisa- tion. Et pour en revenir au sujet du livre de VUltramontanisme,