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ttartltr*. UN LIVRE DE CHARLES NODIER. Habent sua fata libelli, disait le poète ; et cela est aussi vrai qu'étrange et curieux. On ferait un singulier livre sur le sort des ou- vrages qui passent d'une main à l'autre, avec des noms, des devises, des armes et des annotations. L'histoire de ces volumes, que les bi- bliographes vont furetant aux étalages, ou qu'ils se disputent aux ventes publiques, serait parfois piquante. Ainsi, on pourra suivre tout à l'heure les vicissitudes d'un exemplaire des œuvres de Sidonius Apollinaris, écrivain lyon- nais du Ve siècle, et voir par combien de mains il a passé. Après avoir été acheté trente centimes par M. Nodier, il monta jusques à 80 fr. à la vente de sa bibliothèque, et le voilà qui, au prix de 9 fr., est venu, depuis quelques années, aux mains d'un heureux collecteur de notre ville, M. Coste, conseiller honoraire à la Cour. Nous, qui avons traduit Sidonius, et qui fûmes un peu amené à ce travail par le conseil de M. Nodier, nous avons feuilleté avec curiosité le pré- cieux exemplaire, qui, du reste, n'appartenait pas encore à M. Coste, lorsque nous publiâmes les Lettres et les Poèmes de Sidonius. La note suivante, signée du nom de Nodier, et écrite de sa main sur un feuillet blanc du volume même, ne vaut-elle pas la peine d'être consignée à la suite de l'article qui figure, dans cette Revue, sur l'illustre bibliophile? « Voici, à mon jugement, un des livres les plus précieux de ma petite bibliothèque. II a appartenu aux savants Louis Carrion, André Schott, et Josias Mercier, qui l'ont chargé de notes et de leçons très intéressantes. Il n'est pas difficile de découvrir à la loupe, sous la double rature qui se remarque au haut de la page, après la devise, et au dessus du fleuron du frontispice, le nom du fameux président Savaron ( Sauaron ) excellent éditeur du Sidonius Apollinaris de