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476           CONSPIRATION DE GRENOBLE EN 1816.
 par le même motif qui les fait naître dans l'esprit du principal me-
 neur. Toutes à peu près sont formées sur le même dessin, et pré-
 sentent les mêmes caractères. Pour deux âmes loyales et désintéres-
 sées, combien vous en rencontrerez qui ne seront que des âmes
 d'hypocrites, de myopes ou de scélérats ! Les hommes généreux
 payeront de leur tête ; l'enjeu sera pour les intrigants hardis et pour
 les lâches un peu rusés. Le point essentiel, du reste, c'est de réussir,
 qar vous avez au bout de l'entreprise le Capitule ou la roche Tarpé-
 ienne, et ils se touchent de si près !
    Le lendemain de leur triomphe, beaucoup de conspirateurs ont dû
 se repenti r de leur œuvre, et prendre en dégoût le héros qu'ils avaient
hissé sur le pavois. Combien de tristes apothéoses les siècles ont
vues ! Quels monstres des nations civilisées ont triomphalement
portés dans leur Panthéon, lorsqu'il les eût fallu traîner aux Gémo-
nies ! A quels vulgaires ambitieux une admiration égarée, une re-
connaissance niaisement enthousiaste n'a-t-elle pas dressé des sta-
tues et décerné des couronnes civiques ? L'inflexible histoire a déjà
bien détrôDé de ces faux dieux, et nous regardons avec pitié ou dé-
dain les débris gisant par terre.
    Paul Didier, à qui l'on a fait une réputation dont il faudra mainte-
nant rabattre, fut un de ces esprits inquiets et remuants que la po-
pularité encense quelques jours, et que les années viennent mettre
à leur place. Ce qui résulte de la curieuse monographie de M. Du-
coin, c'est que Didier, ambitieux et dissipateur, se croyant appelé,
comme tant d'autres médiocrités, à régir l'univers, se jeta succes-
sivement au service de différents partis politiques, et n'étant satis-
fait d'aucun, joua le rôle de conspirateur à un âge où l'ardeur des
illusions n'est plus très-vive, pour l'ordinaire. Paul Didier, que de
plus adroits faisaient mouvoir, y laissa enfin sa tête, et racheta ses
erreurs, autant qu'il fut en lui, par une fin chrétienne.
   Il était né, en 1758, à Upie, petite ville de la Drôme, et dut sa
première éducation aux soins d'un curé de campagne, chez lequel
il puisa des sentiments religieux et monarchiques, dont l'empreinte
ne put jamais s'effacer entièrement. Didier embrassa les principes
de 89, avec une couleur de Gironde, et se trouvait à Lyon, quand
cette ville soutint un siège héroïque. La tête de Didier fut mise Ã