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                   ÉTATS-GÉNÉRAUX DK 1 5 8 8 .               445

bre des appartements du roi, et dont la porte fut immédia-
tement refermée derrière lui. Comme il se baissait pour
franchir le seuil du cabinet, il fut inopinément frappé de
plusieurs coups de poignard, et n'eut que le temps de s'é-
crier: Mon Bien, ayez pitié de moi ! Aussitôt qu'il eut rendu
le dernier soupir, le roi sortit de son cabinet, et fit jeter
un drap sur le corps inanimé de son ennemi. Le bruit du
choc ayant retenti jusque dans la salle du conseil, le car-
dinal de Guise et l'archevêque de Lyon accoururent effrayés ;
mais les gardes les empêchèrent d'entrer, et tous deux fu-
rent immédiatemeut arrêtés. Henri fit alors ouvrir les portes
de sa chambre et dit aux assistants « qu'il était maintenant
roi et résolu à pousser plus vivement que jamais la guerre
avec les hérétiques, les brouillons qui lui faisaient obstacle
ayant disparu, qu'au surplus leurs partisans sauraient, par
l'exemple qu'il venait de faire, qu'autant leur en pendait
sur la tête, s'ils osaient désormais entreprendre sur l'au-
torité royale. » Puis il descendit chez la reine-mère qu'il
trouva au lit en proie a des douleurs de goutte, et qui, sans
improuver cette sanglante exécution, manifesta d'assez vives
alarmes sur les suites qu'elle pourrait avoir. « C'est bien
coupé, mon fils, lui dit-elle énergiquement, mais il faut
coudre. Dieu veuille que vous ne soyiez pas devenu ainsi
roi de néant!... Deux choses vous sont nécessaires, promp-
titude et résolution. » Et ayant ainsi parlé, elle rabaissa
la tête sur son coussin, accablée par les souffrances qu'elle
éprouvait et par l'anxiété de son esprit (1). Le roi fit arrêter,
dans le château même, la plupart des parents et des familiers
du duc de Guise, et envoya Revol et le cardinal de Gondi
au légat du pape, pour lui expliquer les motifs de sa con-
duite. Le prélat ouït ce récit avec peine et ne se calma que


  (i) Davila, liv. IX. — De Thon, liv. XC1II.