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KTATS-GÉNÉRAUX DE 1 5 8 8 . 437 une odieuse dissimulation, soit par un dégoût profond de ce rang suprême d'où tant d'efforts conspiraient à le faire dé- choir (1), Henri communia publiquement avec le duc. Cet inci- dent redoubla l'audace et la sécurité du prince. Il attribua à un sentiment de faiblesse cette ostentation d'intimité, et se crut désormais en mesure de tout oser. Cependant la famille de Guise était loin de partager en- tièrement les vues et les sentiments de son chef. Le duc de Mayenne supportait avec impatience son joug hautain et ses manières impérieuses, et les ducs de Nemours, d'Elbeuf, et d'Aumale formaient entr'eux une espèce de ligue, qui les portait à garder quelques ménagements envers le roi, cet ennemi commun de la maison de Lorraine. On dit que la princesse d'Elbeuf, sœur de ces deux derniers princes, dans une entrevue particulière avec Henri, exprima son im- probalion formelle de la conduite du duc de Guise, et exhorta le roi à se tenir en garde contre ses desseins (2). Quelques paroles outrageantes proférées par la duchesse douairière de Montpensier, sœur du duc, furent rapportées à ce prince (3), et le maréchal d'Aumale ne lui laissa pas ignorer que Guise avait fait les plus grands efforts pour l'attacher h sa cause. Ces avis répétés prirent plus d'importance par de nou- velles entreprises qui ne laissèrent plus d'incertitude sur le projet qu'avait conçu le duc de Guise d'élever la puissance de sa maison sur les ruines de l'autorité royale. (i) Varillas, liv. X. (2) Daniel, Henri III. (3) Cette princesse, maniant des ciseaux d'or qu'elle portait à sa ceinture, avait dit « qu'elle espérait bientôt s'en servir pour couper les cheveux à l'in- digne prince qui occupait le trône de France, afin qu'après qu'on l'aurait renfermé dans un monastère, un autre plus digne que lui fût mis à sa place et réparât le tort (pie la lâcheté de son prédécesseur avait faite à l'Etat et à la religion. »