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 356         FUITE ET ARRESTATION DE PAUL DIDIER.
  qui s'était senti si faible quelques heures auparavant au mi
  lieu de la liberté des montagnes, Didier retrouva dans les
  fers toute sa présence d'esprit. 11 traversa fièrement le vil-
  lage de Saint-Sorlin-d'Àrves qu'il avait fui tout à l'heure,
 en proie à toutes les angoisses de la terreur, et chacun admira
 la noblesse de ses traits, la sérénité de son visage. Dans l'in-
 famie de la trahison dont il était victime, dans l'activité des
 poursuites auxquelles il était en butte, dans le souvenir des
 destinées de la France qu'il avait un instant tenues entre ses
 mains, dans la gravité de la peine inévitable qui pesait sur
 sa tête, Didier trouvait assez de stimulants pour exciter son
 courage.
     A Saint-Sorlin, la maison d'un notaire servit de prison à
 Didier pendant la nuit ; de là, on le conduisit à Turin, où
 l'ambassadeur de France obtint peu de temps après son ex-
 tradition (2).
     Le lendemain, 18 mai, à deux heures de l'après-midi, Jean-
Baptiste Sert se présenta a l'hôtel de la Préfecture de Gre-
noble et remit à M. de Montlivault un certificat du maré-
chal-des-logis des carabiniers royaux, attestant que c'était,
sur la réquisition et d'après les indications de Sert, que Didier
avait été fait prisonnier.
    Sert et Balmain s'étaient partagé l'œuvre : Sert était resté
à Saint-Jean de Maurienne avec Dussert et Durif, pendant
que Balmain guidait les carabiniers jusqu'à son auberge de
Saint-Sorlin-d'Arves. Ainsi fut accomplie la mission des traî-
tres qui devaient livrer au supplice le héros malheureux de
la conspiration de 1816.
                                                    A. DUCOIN.

  (a) Au moment de son arrestation, Didier avait 68 francs sur lui, plus deux
rouleaux de papier qui furent remis au commandant du duché de Savoie.