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316 AMENDE HONORABLE Il n'en fallait pas tant pour faire perdre à nos deux gen- tilshommes ce ton d'assurance, et ces habitudes de fanfaron- nade, qui trop souvent permettent de tout oser. Un peu de ré- flexion les rendit aussi humbles, aussi soumis qu'ils avaient été superbes et arrogants, et, le 11 au matin, piteux et repen- tant, ils confessent, à l'Hôtel-de-ville, en présence de 35 per- sonnes assemblées, Maire, Echevins, Lieutenant général, Con- seillers, etc. qu'ils ont envoyé eux-mêmes leurs soldats com- mettre l'insulte qui a amené un si grave désordre; qu'ils sont prêts à donner toute la satisfaction que désirera l'assemblée, espérant cependant, de leur aveu et de leur soumission, l'in- dulgence des corps et des personnes. Une semblable démarche était bien faite pour calmer la plus légitime susceptibilité. Cependant l'assemblée reçoit cette déclaration, que MM. de Foudras et de Gressier signent à l'instant, avec la dignité qu'il convient à des personnes offen- sées, et, après réflexion, elle décide qu'elle s'en remettra à l'avis de M. le marquis de Rochebaron, commandant dans la province. C'est une marque de déférence qu'elle veut bien lui donner, et dont elles'hoaore. Elle députe donc, à l'instant même, deux de ses membres à Lyon : l'un est porteur d'une missive du maire, contenant le procès verbal de l'aveu des officiers et de la détermination de l'assemblée; l'autre, du rapport du lieutenant général, auquel se trouve jointe l'en- quête faite par ce magistrat. M. de Rochebaron mit, dans sa réponse, le même empres- sement, la même célérité. Le même jour il répondit, el on eut lieu de se féliciter de l'avoir pris pour juge. Il donna pleine et entière satisfaction aux offensés : il décida que les excuses de MM. de Foudras et de Gressier seraient faites publique- ment, à l'Hôtel-de-ville, devant les personnes insultées ; que les mêmes excuses seraient faites aux blessés : que ces officiers seraient tenus de se présenter auprès de chaque dame en