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                       »E DEUX OFFICIERS.                      343

    À cette époque Villefranche avait en cantonnement dans
 ses murs le régiment de Bouillon, infanterie, dans lequel MM.
 de Foudras et de Gressier servaient en qualité de capitaines.
    Le 8 mai, jour indiqué pour le prix, fut favorisé d'un
 temps magnifique. La fête fut brillante; les dames de la ville,
 rivalisant de toilette et de grâces, l'embellirent de leur pré-
 sence, et contribuèrent ainsi à l'agrément d'une fête, où il
 semblait d'abord que les hommes seuls étaient appelés à faire
 tous les frais.
    Assurément on ne pouvait laisser passer, sans les recon-
 naître, ces marques délicates d'un si gracieux concours. D'une
 commune voix, on décida donc que le lendemain, 9 mai, un
 baiserait donné à cette intention, dans la grande salle del'Hô-
 tel-de-Yille.
    Quoique Villefranche possédât, à cette époque, murailles
 hautes, tours fortifiées, bastions et fossés, ce n'était, non plus
 qu'aujourd'hui, une ville de guerre. Partant les militaires,
 malgré l'éclat de leur nom et leur bravoure, n'y jouissaient pas
 de celle considération et de ces égards, dont ils sont toujours
 environnés dans les villes frontières. Là, une fête n'est belle
qu'autant qu'ils y tiennent le premier rang; mais ceci n'a
plus lieu dans une ville de commerce ou composée de simples
bourgeois. Or, il est présumable que c'est â ces différentes ma-
 nières devoir et d'agir, qu'il faut attribuer l'oubli inconceva-
ble des chevaliers de l'Arquebuse, d'inviter à ce bal messieurs
les officiers du régiment de Bouillon.
    Quoiqu'il en soit, quelques-uns de ces officiers en furent
piqués; il promirent de s'en venger, et, pour le faire, ils n'a-
visèrent rien de mieux que d'employer une espièglerie dont
malheureusement ils n'étaient point maîtres de calculer les ré-
sultats, ni de prévoir les conséquences.
    Cependant le bal commence, la joie rayonne de toute'part;
jamais les femmes n'ont été plus vives, plus spirituelles; ja-