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248                             BIBLIOGRAPHIE.

aurait évité bien des recherches, bien des confrontations et peut-être quel-
ques inexactitudes dans ce qui nous reste à dire de la très curieuse htjstoire de
la conqucsle de Naples •
  On sait que le vieux et assez mauvais poète André de la Vigne fut chargé
de retracer, dans une composition mêlée de prose et de vers, le voyage de
Charles VIII en Italie. Il donna à son livre le titre de Vergier d'honneur,    en
y joignant quelques ballades d'Oclavien de Saint-Gelais et des autres poètes
contemporains, qui suivaient la cour. Le Vergier d'honneur a, jusqu'à présent,
été considéré comme le document le plus complet que nous ayons sur cette
fameuse expédition de Charles V I I I . Cependant, il paraît aujourd'hui      cer-
tain qu'il ne contient pas le travail authentique d'André de la Vigne. Soit que
pour faire un livre d'apparat, l'imprimeur ait exigé dans cette circonstance
le concours de plusieurs beaux esprits ; soit qu'André de la Vigne ne lui ait
alors livré que la partie la plus fleurie, la plus poétique de sa relation, on
chercherait en vain dans le Vergier un grand nombre de récits qui se retrou-
vent dans la chronique publiée sous le règne de Louis X I I , par Pierre Desrès.
D'un autre côté, comme ce Pierre Desrès copie effrontément vers la fin de son
livre ce qu'on avait déjà lu dans les précédentes éditions du Vergier   d'honneur,
on pourrait supposer qu'il n'a pas un seul instant cessé d'être le plagiaire
de la relation manuscrite d'André de la Vigne. El cette conjecture, le volume
que nous avons sous les yeux la justifie complètement. En effet, si l'on veut
bien passer sur quelques modifications insignifiantes de phrases, on reconnaî-
tra, dans la précieuse publication de M . Gonon, et la prose du Vergier d'hon
nenr et la prose de Pierre Desrès que Godefroi avait publiée dans son volume
des Histoires de Charles Vlll    à la suite d'un Extrait du Viyage de    Naples...,
mise en écrit par André de la Vigne. Mais, enfin, pourquoi n'avait-on, jusqu'à
présent, donné ce voyage que par extraits? Sans doute parce que le manus-
crit consulté de la Bibliothèque royale ne contenait que cet extrait, Et si
nous reconnaissons, pour ainsi dire, mot à mol, dans l'édition de Godefroi,
une partie de la relation aujourd'hui mise au jour par M. Gonon, nous en de-
vons tirer la conséquence nécessaire que M . Gonon nous a gratifié de la vé-
ritable Histoire de la Conqueste de Naples, telle que l'avait rédigée André de
la Vigne , sans interpolations et surtout sans suppression. Ce monument,
nous ne craignons pas de le dire, est de la plus grande curiosité. Le voyage
des Français en Italie, sous Charles V I I I , est, à proprement parler, la pre-
mière des expéditions modernes de nos compatriotes dans cette patrie des
arts. Avec quel intérêt ne doit-on pas lire le récit des impressions produites
sur l'esprit des Français à l'aspect de Naples, de Rome, de Florence, de
Pise et de Gènes ! Ces impressions précisément sont ce que Godefroi et les




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