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2'li                   HISTOIRE DR FRANCE.

 des deux villes do Liège et de Dinanl, françaises de cœur, et froi-
 dement sacrifiées à l'impitoyable politique du roi. Cet épisode tient
 une grande place dans ce volume ; mais il se rattache trop intimement
 à l'histoire de Franco; il est traité avec une verve et une érudition
 trop remarq'iables pour que nous puissions songer à en faire un re-
 proche à M. Michelet.
    Nos critiques, s'il nous était permis d'eu adresser à M. Michelet,
 porteraient sur d'autres points. D'abord, sur une erreur matérielle,
 peu grave, si l'exactitude n'était pas la première condition de l'his-
 lorien. En parlant de la bataille de Guinegate, livrée contre l'ar-
 chiduc Maximilien, en 1479, M. Michelet l'appelle la Journée des
 Eperons. 11 y a ici une confusion. Deux batailles ont été livrées à
 Guinegate, l'une par Louis XI contre Maximilien, alors archiduc;
 l'autre par Louis XII, en 1513, contre les Anglais et Maximilien,
 alors empereur. C'est à cette dernière que l'on a donné le nom de
 Journée des Eperons. — Un autre reproche serait d'avoir cédé en-
core à cet amour des rapprochements qu'on a tant, et quelquefois
justement, blâmé dans le beau chapitre qui ouvre le second volume
de l'histoire de France. Jusqu'à quel point l'esprit d'une province se
 reflète-t-il dans le caractère des hommes qu'elle a produits? Les Lié-
geois sont-ils nécessairement légistes? Quels rapports si profonds y
a-t-il entre Rousseau et Grétry ? Est-ce comme Francs- Comtois qu'on
 peut saisir quelques traits communs, et encore très contestables,
 entre MM. Nodier, Droz, Jouffroy? Ce peuvent être là d'ingénieux
rapprochements ; mais, en les supposant vrais, n'aboutiraient-ils pas
à ce fatalisme des climats si justement reproché à Montesquieu? —
Nous avouons, en outre, n'avoir pas été entièrement convaincu de
l'authenticité de deux discours, brefs et saccadés, que M. Michelet
met dans la bouche de Charles- le-Téméraire. Les idées peuvent lui
appartenir; mais la forme, le style, le langage, nous en paraissent
bien modernes. En reviendrions-nous déjà à ces discours de conven-
tion que l'on trouve si fréquemment dans Tite-Live et Tacite, et
dont on a abusé et dans l'antiquité et de nos jours? Ce serait faire
reculer l'histoire jusqu'à Denys d'Halicarnasse, et la faire tomber,
par les exagérations inévitables des imitateurs, au niveau de cet
historien d'Etienne Marcel qui a rempli son volume presque entier