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                        HISTOIRE DE FRANCE.                          241
à Pierre II de Médicis ; Erasme et Luther aux souverains de leur
 temps, sans en excepter Charles-Quint ; Richelieu à Louis XIII;
Voltaire à Louis XV. L'histoire est devenue démocratique comme
 la société, et les statues de nos grands écrivains et de nos grands
artistes s'élèvent sur les places publiques réservées aux rois, il y
a moins de vingt ans encore. Mais, lorsqu'un roi personniflo toute
une époque; lorsqu'au lieu de recevoir l'impulsion, il la donne
lui-même; lorsqu'il est le premier entre tous ses contemporains,
non seulement par la dignité, mais par l'intelligence politique ;
c'est à lui que l'histoire doit s'attacher pour être vraie. En fai-
sant connaître un homme, elle fait connaître l'état et la situation de
la société qu'il dirigea dans une voie nouvelle. Tels furent Char-
lemagne, Saint-Louis, Philippe-le-Bel ; tel fut aussi Louis XI.
    En jugeant la politique perfide, tortueuse, souvent sanglante de
Louis XI, du point de vue où la morale est heureusement arrivée
de nos jours, on ne peut assurément trop la condamner ni la flétrir.
Mais, je l'ai dit ailleurs, le point do vue de l'historien et celui du
moraliste ne doivent pas être les mêmes. L'historien doit se placer
toujours à un point de vue relatif, comme le philosophe et le mora-
liste au point de vue absolu. Or, en agissant ainsi, en consen-
tant à oublier l'immoralité des moyens pour tenir compte seulement
des résultats, l'on voit bientôt que les vingt-deux années du règne
de Louis XI sont une des périodes les plus actives et les plus fécon-
des de notre histoire. Les derniers grands vassaux ont disparu ;
l'unité nationale a fait un nouveau pas, l'égalité un progrès ; la France
a reculé ses limites vers le midi par l'acquisition du Roussillon et la
réunion de la Provence; conquis la Bourgogne; assuré sa défense
par la prise de possession des villes de la Somme. 'L'imprimerie a
été introduite dans le royaume; les postes ont été organisées ; des
écoles fondées à Paris et à Bourges; l'esprit aventureux tué à la
bataille de Nancy avec sou dernier représentant, et remplacé par
l'esprit positif qui doit dominer désormais. Sans doute, Louis XI
n'a pas opéré à lui seul toutes ces transformations ; mais il les a,
ou exploités, ou secondés. Aussi, est-il déplorable d'entendre, même
aujourd'hui, les déclamateurs s'acharner contre cette grande époque
et l'homme qui la représenta. Jusqu'ici, Pa^quier seul nous semble,
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