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                           LABBÉ PERK1N.                           233
se méfiant de son siècle, el ne croyant pas au repentir de tous les
pénitents, n'en aimant pas moins son prochain, et bon viveur, chan-
tant bien au lutrin, à table sachant boire et rire.
   Or, à quelques jours de là, il y avait dîner chez un confrère, dî-
ner sobre mais assaisonné de franchise et de gaîté, réminiscence
du bon temps.
   Sur la fin du dîner au moment où les fronts s'illuminent, où Pâme
nage entre deux vins; notre vieux curé, qui racontait comme un
héros d'Homère, se mit à raconter son histoire et à dire comment
il avait évincé certain dragon de l'espèce de ceux qui ne se font
pas scrupule d'extirper des carottes aux pêquins... Là dessus, le
bon abbé Perrin, qui faisait partie des convives, se sent le rouge
monter à l'oreille ; ainsi son voisin, le voisin de son voisin, et tous
trois de s'écrier: « C'est notre homme; cinq pieds neuf pouces,
grosses moustaches, figure candide et modeste.,., c'est notre
dragon !
   — Il faut nous plaindre à la justice, dit l'un.
   — Il faut donner à M. le Procureur du roi le signalement de cet
effronté coquin, dit l'autre.
   — Nous le ferons arrêter, condamner.
   — Oui, il faut une leçon sévère aux méchants et aux hypocrites
qui prennent le masque de la religion.
   — Bien dit, mes amis, reprit le bon abbé Perrin ; mais cela re-
garde M. le Procureur du roi et la gendarmerie royale. A chacun ses
devoirs : le nôtre est de prier pour tout le monde et de pardonner.
Il est écrit :
    « Mon royaume sera le partage de ceux qui souffrent, et non
de ceux qui se vengent. »
   Et le petit cénacle applaudit et pardonna.