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                   LA CROIX DE MARBRE.                     223

Savoie, allié de l'empereur, à qui le roi de France venait
de déclarer la guerre, le pape Paul III entreprit de venir a
son secours. Usant de ce reste d'influence de l'autorité pon-
tificale sur le pouvoir temporel, qui avait survécu à l'humi-
liation récente de Boniface III, il amena les deux rivaux à
une suspension d'armes que suivit bientôt la promesse d'une
entrevue à Nice. C'était la seule place du Piémont dont l'em-
pereur ne se fût point encore emparé. François 1er arriva le
premier à Villeneuve, et vint habiter une petite maison dans
le quartier des Baumettes. Charles-Quint quitta Barcelone
avec la flotte d'André Doria, mais il refusa de débarquer à
Nice et se tint dans la rade de Villefranche, sans vouloir
communiquer avec cette ville autrement que par un pont de
bois établi à cet effet. Paul III vint occuper le couvent des
Récollets, situé hors de la ville de Nice, sur le point même
où s'élève aujourd'hui le monument qui fait l'objet de cette
notice.
    Quelque mémorable qu'elle soit, la circonstance que nous
venons de rappeler n'est point la seule qui se rattache à l'é-
rection de ce monument. Au séjour du pape Paul III à Nice
se lie un événement d'un caractère bien autrement historique,
un de ces faits glorieux que les peuples retrouvent avec inté-
rêt dans leurs annales, et qu'ils livrent avec orgueil aux
hommages et à l'imitation de leurs successeurs. Hâlons-nous
 d'en reproduire, sur la foi des historiens du temps, les parti-
 cularités les plus remarquables.
    En sa double qualité de souverain temporel et de chef de
 la chrétienté, Paul III avait prétendu n'occuper la ville de
 Nice qu'à titre de seigneur et maître. Cette prétention, dé-
 battue avant son arrivée entre le duc de Savoie et l'empe-
 reur Charles-Quint, avait été sanctionnée par la remise qui
 lui fut faite de la ville et du château, libres de gens de
 guerre, et comme un dépôt qu'il devait conserver jusqu'après