Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
204                      LOUISE LABÉ.

ceux qui s'y adonnenl ; sous ce rapport, l'existence fleurie,
semée de fêles, de plaisirs, d'agréables correspondances el
de travaux artistiques et littéraires du Patriarche de Ferney,
sera toujours préférée à l'existence misanthropique de son
compétiteur en gloire et en génie.
   Ces esprits d'élite ont un degré de parenté avec notre muse
lyonnaise. Elle se rapproche du premier beaucoup plus que
du second. Pour la Belle Cordière il est probable que la
poésie ne fut que l'accessoire obligé d'une vie douce el fa-
cile.
   Louise, après avoir fait preuve de courage el d'adresse au
siège de Perpignan, déguisée en paladin, où un auteur con-
temporain nous la représente ainsi:
                    Là sa force elle desploye,
                    Là de sa lance elle ployé
                    Le plus hardi assaillant :
                    Et braue dessus la selle
                    Ne démon troit rien en elle
                    Que d'un chevalier vaillant.
   Louise, après cette équipée galante et chevaleresque, en-
Ireprise à quinze ans et demi, eut le bon esprit de se retirer
dans sa terre natale. Elle put rentrer avec convenance dans
cette retraite, car à peine en était-elle sortie de son plein
gré, ce n'avait pas été en brisant des liens de famille, de
société de pays qu'elle avait tenté de s'affranchir. Son père
avait voulu qu'elle figurât en héroïne auprès du dauphin ; elle
montra plus de sagesse et de modération que son entourage,
en revenant à Lyon. La fortune et les agréments qui s'y
rattachent l'attendaient dans son pays. Une maison el un
jardin entre le Rhône el la Saône, silués dans le voisinage
de l'emplacement de la rue qui porte aujourd'hui son nom,
lui assuraient une belle et poétique retraite. Elle prit soin de
l'orner avec cet art qui ayde la nature, ainsi qu'elle l'ex-