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                         LOUISE LABÉ.                        203

   Puisque sa vie était tracée dans une sphère riante et for-
tunée et qu'aujourd'hui ce vers est une partie de sa justi-
fication devant la postérité, élit; fit mieux encore en don-
nant , même sans rétribution , à ses risques et périls, aux
frais de ses amis, un chef-d'œuvre à son pays. Elle légua
ainsi son ame au public, et sa gloire à sa patrie. La
préface de ses œuvres restera éternellement un chef-d'œu-
vre de bon sens, de style et de philosophie, et c'est même ce
qui s'est rencontré de plus parfait sous sa plume. Elle créa,
sans s'en douter peut-être et sans avoir l'air de viser à ce but,
une occupation honnête pour son sexe; elle comprit parfai-
tement toute la portée de cet instrument qu'elle s'étudiait à
perfectionner à leur usage. Le progrès naturel de l'esprit h u -
main n'a fait qu'ajouter à sa découverte.
   On doit s'étonner que Bayle, esprit judicieux qui a sou-
vent le mérite de l'exactitude, ait pu corroborer l'opinion de
ceux qui se sont plu à flétrir la réputation de Louise Labé.
Le moyen d'y ajouter foi et de concilier une pareille ver-
sion avec les intimes relations que Louise Labé possédait
dans notre ville, parmi tout ce qu'on y comptait alors d'hom-
mes distingués et haut placés : un président, Nicolas de Langes ;
un des grands dignitaires de notre église, le doyen du cha-
pitre de Si-Jean, Gabriel de Saconay; Clémence de Bourges,
celte belle et chaste personne qu'on avait surnommée la
Perle des damoiselles ; Maurice Scève-et du Peyrat, les pre-
miers noms de la cité !
   C'est beaucoup que Louise Labé ait eu l'heureuse inspi-
ration d'inscrire la première, en tête de ses maximes : « Pou-
reté n'est pas vice » dans une ville où la pauvreté est assez
souvent quelque chose de pis : illud déforme malum ; c'est
beaucoup que les lettres, les arts soient intervenus dans cette
existence sans la troubler; un des plus beaux privilèges des
lettres doit être, avant tout, de contribuer au bonheur de