Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                             LOUISE LABÉ.                    199

haler encore en plaintes touchantes et en soupirs mélodieux.
Il faudrait citer beaucoup et louer peu, pour être suivi dans
l'exposition de celle marche passionnée d'un sentiment ex-
quis ; une scène peut-elle s'en détacher sans rien perdre des
grâces de l'ensemble ? Nous tenions l'expérience pour un son-
net, le treizième du recueil :

         Oh! si j'estois en ce beau sein rauie
         De celui-là par lequel vois mourant.
         Si avec lui viure le demeurant
         De mes cours jours ne m'empeschoit l'enuie,

         Si m'accolant me disoit, chère amie,
         Contentons-nous l'un l'autre, s'asseurant
         Que ia tempeste, Euripe, ne Courant
         Ne nous pourradesioindre en notre vie:

          Si de mes bras le tenant acollé,
          Comme du lierre est l'arbre encercelé,
          La mort venoit, de mon aise enuieuse :

         Lorsque souef{l) plus il me baiseroit,
         Et mon esprit sur ses leures fuiroit,
         Bien je mourrois, plus que vivante, heureuse.

   La compréhension des beautés de la nature, les harmonies
éveillées dans l'ame par les images qui les rappellent sont répan-
dues à profusion dans les écritsde Louise Labé; nouvelle preuve
que cette émotion n'a rien de factice et ne tient point à un
enthousiasme de cabinet. Que la peinture des beaux aspects
d'une riante nature puisse se mêler aux autres émotions de
l'ame, c'est ce que l'examen du Cantique des Cantiques prou-
verait suffisamment. Le même sens agit en nous dans l'un

  (i) Doucement, suavilei: