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UN SOUVENIR. J81 Je la quittai. L'aurore oh ! fut bien longue à naître. L'ouragan mugissait dans toute sa fureur. Tout à coup dans les flots Gènes vint à paraître Comme aux beaux jours de sa splendeur. C'est Gènes ! criait-on.—Voici Gènes la belle, C'est Gènes la superbe aux orgueilleuses tours ! — Elle accourut soudain : — Oh ! voyez, disait-elle, On la croirait aux anciens jours ! Combien de ses palais elle est encor jolie ! Que de mais élancés se cachent dans les airs! On voit qu'elle est toujours l'orgueil de l'Italie, C'est encor la perle des mers ! — —Le soir, j'admirais seul ces grands palais d'albâtre, Où tout me paraissait sans vie et sans éclat. J'entrai nonchalament dans un brillant théâtre ; Oh ! quel bonheur ! elle était là . Puis, son père, elle et moi, nous revîmes la France, Elle presque pensive, et moi presque joyeux. Puis il fallut se fuir hélas ! sans espérance. Je la suivis longtemps des yeux. Longtemps je refléchis à ce destin bizarre Qui nous prend, qui nous lie, étrangers, inconnus, Qui nous fait presque aimer ; et puis qui nous sépare Pour, hélas! ne se revoir plus.