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DE SAINT IRÉNÉE. 165 au martyre de saint Pothin , pour y apprendre à mourir de la même mort. Dans son glorieux épiscopat, il écrit un beau livre , qui est un des plus riches trésors de l'Eglise , mais où l'on trouve toutefois à reprendre l'erreur du Millénarisme, c'est-à -dire d'un règne temporel de Jésus-Christ sur t e r r e , après la résurrection, lequel règne durerait mille ans , ce qui n'est en définitive qu'une opinion singulière , et non pas une hérésie. Enfin , après un pénible apostolat, il tombe martyr dans la persécution suscitée par l'empereur Sévère, en l'an- née 202 ou 203. Lorsque Albin et Sévère se disputaient l'em- pire aux portes de Lyon, les habitants de celle ville prirent parti pour le guerrier qui allait succomber. et auquel le génie de Lugdunum (1) devait êlre infidèle. Ils eurent donc à éprou- ver la colère du vainqueur. Dix ans après , ils avaient une belle occasion de rentrer dans ses bonnes grâces , et ils le firent en n'épargnant pas les chrétiens. Une inscription en vers l a t i n s , qui se lisait autrefois à l'église de Sainl-Irénée, mais qui date du IXe siècle, ou environ , porle à dix-neuf mille le nombre de ceux qui furent martyrisés dans cette cir- constance. Il est s û r , par Grégoire de T o u r s , que le sang coula abondamment , et qu'il y eut bien des victimes de la foi chrétienne ; mais on n'est pas tenu de s'en rapporter à un témoignage du IXe siècle sur un événement du III", et il est inutile de gâter par des exagérations ce qui est assez beau , assez louchant de soi-même. L'Histoire de saint Irénée n'avait jamais été convenablement écrite; le livre de M. l'Abbé Prat comble donc une l a c u n e , et fait bien apprécier le saint docteur dont l'Eglise de Lyon s'enorgueillit. Voilà ce que c'est qu'un évêque chrétien! voilà ce que c'est que les saints dont nous vénérons la mémoire, et dont nous implorons le suffrage auprès de Dieu. (1) Voir dans J. Spon, Recherche des antiquités de la ville de Lyon, page 14, une médaille d'Albin portant au revers: GEN. LVGD; ce qui prouve que Lyon avait épousé la cause de cet empereur éphémère, auquel on trancha la tète sous les murs de la ville.