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DE SAINT IRÈNÉE. 157 le tenait son diocèse. Il joignait à ces qualités une grande modération dans les jugements.... Son grand ouvrage tout entier le fait connaître comme un homme aussi sage qu'ins- truit; ce n'est point pour briller qu'il l'a écrit ; rien n'y dé- cèle la passion, et tout y inspire la confiance (1). » Saint Iiénée est d'autant plus digne d'attention qu'il touche de plus près aux âges aposlo.iques, et ce qui le rend p r é - cieux pour l'Eglise, c'est qu'il est aussi explicite et aussi formel sur les questions vitales, que s'il eût écrit à une é p o - que où l'édifice extérieur avait eu l'occasion de se mettre plus en saillie, de se dessiner plus rigoureusement à l'œil. Le symbole de foi qu'il produit est presque mot à mol celui que l'Eglise chante dans ses offices. On sait avec quelle force Irénée s'attache au siège de Pierre, centre de l'unité catho- lique, et garantie assurée de la pureté de la foi. C'est à elle qu'il faut aller, à cause de sa prééminence; il accorde à cette église un privilège que nulle autre ne partage avec elle, et en déroulant une imposante liste des évêques qui ont occupé la chaire de saint Pierre jusqu'au pontificat d'Eleu- thère, il presse contre les églises particulières la vigoureuse argumentation que Tertullien vint reprendre un peu plus tard, dans son livre des Prescriptions. La nouveauté de l'hé- résie, voilà ce qui la convainc d'erreur et la t u e , « car les hérétiques sont beaucoup plus récents que les évêques aux- quels les Apôtres ont confié les Eglises Avant Valentin , il n'y avait point de Valenliniens ; avant Marcion, point de Marcioniles. Il en esl de même de tous les autres hérétiques qui n'existaient point avant ceux qui ont inventé et qui leur ont communiqué leurs erreurs (2). » Or, où sont les lettres de créance de ces apôtres qui ne peuvent alléguer d'autre mis- sion que celle qu'ils se sont donnée à eux-mêmes? Le docte évêque de Lyon les poursuit avec une égale (1) Hist. du Gnost.. t. I, Introd., pag. 28. (2) Liv. V, 20 ; III, i.