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                       DE'SAINT IRÉNÉE.                     155
  vérilable peut-il assez se déguiser sous de bplles apparences
  de mots sonores et vides ?
      Irénée donc, en attaquant les uns, répondait d'avance aux
  autres sur beaucoup de questions fondamentales. Et comme
  ils étaient nombreux, ceux-là! combien féconds en expé-
  dients? Pourtant, où sont-ils? où sont leurs écrits? à peine
  s'il en reste quelques débris^ dans lesquels l'œil exercé du
 savant et du philosophe cherche à deviner les systèmes com-
 battus par saint Irénée. Dans les cinq livres qu'il publia
 contre eux, et qu'il écrivit en grec, dans un pays où il avait,
 un grand nombre de nationaux, mais où se parlait a u s s i ,
 comme il nous l'apprend, la dure langue des Celtes, le docte
 et pénétrant apologiste se montre fort instruit des dogmes
 de ses adversaires. Il cite les écrits des Valentiniens, et l'on
 sent assez généralement à cette formule : yatrxoiurt, \pyo\ioi,
 Oekovai (ils disent, ils prétendent;, que saint Irénée se sert
 de leurs propres paroles. Un écrivain allemand , auteur
 d'une thèse latine sur saint Irénée, veut toutefois qu'il
 n'ait pas eu les écrits de Valentin, car d'après quelques frag-
 ments de lui qui sont venus jusqu'à nous, il est visible qu'il
 avait des opinions qui ne furent pas toutes maintenues par
 ses adeptes, et saint Irénée n'eûl pas manqué de les mettre
 en contradiction les uns avec les autres, s'il eût eu en main
les livres de Valentin. Cette raison ne nous semble pas abso-
lument concluante. Au surplus, Irénée pouvait bien n'avoir
pas tous les écrits des divers hérétiques dont il exposait et
combattait la doctrine ; quelle n'eût pas été la dimension de
son livre, s'il se fût condamné à ne rien omettre ? M. l'abbé
Prat n'a pas oublié de signaler cette confusion de systèmes,
et il observe expressément que Colorbase et Ptolémée al-
térèrent l'essence de la doctrine de Valentin sur les œons.
M. Stieren ajoute qu'Irénée n'a pas connu la Lettre de Pto-
lémée à Flora, sur la loi Judaïque, non plus que le livre
d'Epiphanès sur la Justice, et les Commentaires d'Héracléon
sur l'évangile de saint Luc et celui de saint Jean. Il se peut,