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152 HISTOIRE s'enquil du lieu où pouvait être son ami d'autrefois, d'au jourd'hui entore ; courut à la recherche de l'infortuné, et le rendit bientôt à la vie disciplinée des chrétiens. Clément d'Alexandrie, qui nous a conservé ce trait, le raconte avec ce charme antique dont les Pères de l'Eglise grecque possé- daient si bien le secret. On a pensé, avec quelque raison certainement, que la lettre qui annonçait aux communautés d'Asie la mort de saint Polhin et de ses compagnons, avait été écrit» par saint Irénée. Lorsqu'en l'année 166, saint Polycarpe eut consommé son glorieux martyre, l'église de Smyrne en informa les autres églises qui gardèrent ensuite précieusement le récit des disciples de Polycarpe. Nous voyons qu'Irénée en avait fait une copie ; elle fut transcrite par Gaïus qui avait vécu avec Irénée, et l'exemplaire de Gaïus fut copié à son tour par Socrale de Corinthe et par Pionius. Une pareille attesta- tion, soigneusement apposée au bas de la lettre, nous montre quel soin religieux l'on mettait à conserver les actes des martyrs ; ces actes si utiles à la piété, si curieux ^pour l'his- loire des mœurs antiques et des croyances chrétiennes. Dans la lettre dé l'église de Smyrne, unie à celle de Lyon par les liens de la plus étroite fraternité, on peut remar- quer le pieux empressement des chrétiens à soustraire aux persécuteurs les dépouilles mortelles du martyr, pour leuF rendre un culte religieux, et célébrer l'anniversaire de leur mort. Il est aisé de faire la même observation dans les actes de nos martyrs lyonnais, et les païens n'ignoraient pas ce culte filial des chrétiens pour leurs nobles défunts. L'Eglise de Jésus-Christ avait alors, comme elle aura'tou- jours, un double ennemi à combattre, celui du dedans, celu du dehors, et l'on ne saurait dire lequel est Je plus dange-î r e u x , non point pour son existence à elle qui a des p r o - messes d'immortalité et qui s'y fie, mais pour la paix et le bonheur des hommes qu'elle est chargée de conduire à Dieu. Les ennemis du dedans, c'étaient les cœurs lâches, les néo-