page suivante »
124 CÔME, LE LAC ET SES BORDS. Ils revinrent tous deux seuls. Le récit courut aussitôt sur tous les bords du lac avec la rapidité des funestes nouvelles. Ce fut une grande tristesse par tout le pays. Deux jeunes gens si regrettables! La pauvre mère était accourue. Six mille francs à qui lui ramènerait son fils mort, car on ne pouvait plus espérer le sauver! Et elle s'assit sur la rive pour recevoir le corps de son enfant. Le lac fut, pendant longtemps, couvert de barques de pécheurs ; jamais il ne fut battu de plus de rames ; jamais re- cherche plus ardente, plus persévérante et plus vaine. Le lac garda ses deux cadavres. Je ne voulus point aborder à Bellano. J'étais informé du douloureux événement. Il ne faut pas se présenter à l'impro- viste, dans une famille, après deux ans d'absence. Le deuil était trop récent, la douleur trop amère. Ma présence aurait peut-être amené un rapprochement tacite qui aurait mis des larmes dans tous les yeux. Je retournai à Bellagio pour y coucher. Là est le plus beau point du lac. J'avais devant moi la Tremezzina ; à ma gauche, la villa Melzi, l'une des plus belles de la contrée ; vis-à -vis, la villa Sommariva. Je considérais ce beau spec- tacle, et les eaux limpides, et le soleil couchant; mais j ' e n - tendais toujours la cloche de Bellano ! Aimé ROYET.