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                   EXPOSITION DE 1 8 4 3 - 1 8 4 4 .                101
en soit, c'est une œuvre capitale qui classe M. Diday d'une ma-
nière fort honorable.
   L'école genevoise est encore représentée chez nous par MM.
Lugardon et Coindet. M. Lugardon a fait de la métaphysique eu
peinture. Son Christ n'a rien d'humain ni dans sa pose, ni dans son
expression, ni dans sa couleur. C'est là, on le sent bien, l'œuvre
d'un homme de talent ; mais conçue d'après une idée systématique,
cette composition échappe au domaine de la critique ordinaire.
M. Coindet semble vouloir sortir des errements de la peinture ge-
nevoise, qui se complaît beaucoup trop dans les effets de théâtre,
dans la reproduction impossible de ses gigantesques glaciers. Son
paysage a de la simplicité, ses fonds ont de la profondeur et de la
lumière. Un tel début promet.
   M. Gaspard Lacroix ne cherche pas à faire mieux que la nature,
il ne l'arrange pas, il la rend telle qu'elle est, sans artifice aucun.
Il peint le paysage comme Holbein peignait la figure. Aussi le ta-
bleau qu'il a exposé est-il un admirable modèle à offrir aux pay-
sagistes.
   M. Blanchard, lui, est le classique des paysagistes vivants; per-
sonne ne sait aussi bien que lui l'art d'agrandir la toile; l'harmonie
des formes, le grandiose des lignes, la sagesse dans l'arrangement
lui sont familiers ; mais cette majesté décomposition demanderait
un peu plus de vigueur dans la manière d'accuser les formes et de
les faire valoir les unes parles autres. Il y aurait peu de chose à faire
pour rendre ce paysage irréprochable. Son mérite cependant ne
pourrait, selon nous, balancer celui de M. Vanderburch; c'est une
élégance de style, un savoir de disposition, une grâce d'ensemble,
une harmonie de plans et de mouvements qui enchantent. Cet ar-
tiste a trouvé le secret de la poésie dans l'imitation de la belle
nature; rien de pittoresque comme ce paysage et de mieux rendu
que les eaux, les arbres, et tous les accidents de terrain ; les pics
neigeux qui atteignent aux nuages se détachent bien sur le ciel
d'un ton extrêmement fin; le seul reproche que nous osions faire
à l'auteur, c'est de ne pas avoir animé cette belle toile par quel-
ques figures ou quelques animaux.
   Tous ces tableaux et bien d'autres encore d'un mérite plus ou
moins reconnu, auraient dû être l'objet d'une étude consciencieuse,
mais, à notre grand regret, nous sommes contraint de ne constater
que leur succès ; ainsi des études de M. Landelle ; des petites
marines de M. Cotelle, les jolies toiles de M"e Cholet. Nous men-
tionnerons les compositions religieuses de Mme Calamatta qui sont
faites un peu trop de souvenir et participent à la fois du centon et du
pastiche ; les intérieurs de M. Lafaye,dout l'un surtout Melzu, est
d'un effet ravissant ; les jolis paysages de M. Lapito ; ceux bien
plus consciencieux de M. Justin Ouvrié ; une jolie vue de Suisse,
de M. Garbet, artiste qui ambitionne (otites les gloires; une ravis-