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96                 EXPOSITION DE 1 8 4 3 - 1 8 4 4 .
de grâce et de goût. Le gouvernement vient de donner à la ville de
Lyon la Madone de M. St-Jean, qui fait pendant à son tableau du
 Christ que notre Musée possède déjà.
    M. Berger,3qui nous fournit trop rarement l'occasion de le louer,
a exposé de charmantes fleurs que nous avons entendu comparer à
de vieux tableaux, éloge « qui en dit plus qu'il n'est gros. »
    Nous aurions désiré, dans le Cinq-Mars de M. Laurasse, un parli
de lumière plus décidé, qui aurait mis dans un clair obscur bien
articulé les figures de femmes, de moines ( (rop éclairées dans
l'intérêt du reste), et aurait rejeté toute la lumière sur les deux
héros du drame qui n'ont pas, ce nous semble, assez d'impor-
lance dans cette composition ; on y remarque pourtant quelques
têtes bien étudiées et une couleur générale fort satisfaisante. M. Lau-
rasse sait faire des portraits d'une ressemblance aimable et franche,
d'une exécution facile, qualités d'autant plus goûlées qu'elles sont
rares; le porlrait de M. Duplan se placera parmi les meilleurs du
salon.
   Ceux-là seuls qui n'ont pas vu l'Orient, reprochent à M. Bonirole
d'avoir exagéré la couleur locale dans ses deux vues d'Athènes, mais
ceux qui connaissent les brûlantes clartés de cette atmosphère, ad-
mireront au contraire la vérité du Ion laqueux et carminé des mo-
numents, l'aspect brûlé des terrains, et surtout l'énergie savante
de l'opposition des tons dorés du soleil, avec les teintes bleuàlres
des jours du nord; cet ensemble est d'une richesse qui peut frapper
de surprise l'œil habitué à la froide lumière de nos climats, mais
qu'on retrouve avec bonheurdans les tableaux de M. Bonirate. Les
ruines de Pandrose et d'Erecthé surtout, qui annoncent un talent
véritable, présagent pour l'avenir de beaux succès à M. Bonirote.
   Comme à l'ordinaire, M. Chavanne a peu à se louer de la ma-
nière dont on a placé ses tableaux ; ils sont à une telle élévation,
qu'ils échappent presque à la vue. Le n° 96 nous offre une lêle de
vieillard qui est une bonne étude.
   Nous avons remarqué une charmante têle d'enfant, de Laure, à
laquelle il n'y a rien à reprocher que la négligence impardonnable
avec laquelle il a traité les mains.
   On serait bien embarrassé de dire si M. Baron est espagnol,
vénitien, flamand ou français; cependant il a son caraclère qui
réside dans son habileté pratique à s'approprier dans une certaine
mesure toutes les qualités qui lui plaisent chez d'autres ; et néan-
moins M. Baron met à composer ce difficile ensemble une mer-
veilleuse adresse, une grande sûreté de coup d'oeil, et un goût,
plein de mille ressources ingénieuses; c'est là ce qui constitue cette
originalité de talent qu'on loue dans tous les tableaux de M. Baron,
et qu'on retrouve dans les Condottieri.
   M. Oscar Gué, qui se complaisait dans les sujets tumultueux,
dans les effets extravagants de la lumière et de la couleur, nous a
envoyé un petit tableau bien supérieur à son ancienne manière.