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86 DE LA PHRÉNOLOGIE. précisément du dégoût inséparable d'une semblable tache. C'est sans doute pour se délasser, lui et ses lecteurs, qu'il a terminé son savant travail par l'histoire des bévues du système. Le dé- filé des crânes célèbres est véritablement fort amusant : ainsi, à Champollion manque l'organe de la linguistique; à ViloMan- giamele celui du calcul; à Napoléon, l'ampleur générale d'a- bord, puis tous les organes ensuite et surtout celui du génie de la guerre ou de la combativité et destructivité ; en sorte que, d'après Gall, ce géant de la gloire n'avait en lui, comme fa dit je ne sais plus quel sot, que l'étoffe d'un sous-lieutenant hargneux, devenu l'enfant gâté des circonstances: il est vrai qu'il cherche à s'en tirer à l'aide d'un certain rayonnement magnétique qui agrandit et illumine les petits cerveaux des grands hommes et qu'il les couronne des deux cornes lumi- neuses de Moïse, partant des organes de l'idéalité et de la merveillosité!! Vous riez, lecteurs, de ces contradictions du mysticisme improvisé de Gall. Que sera-ce donc pour l'inqua- lifiable mystification que lui a valu le célèbre pseudo-crane de Raphaël d'Urbin? Richement, doté par lui, comme de rai- son, de toutes les plus éminentes facultés esthétiques, il fut hélas ! forcé, lors de l'exhumation récente du grand peintre, de céder les fleurons de cette royale couronne du génie au crâne authentique et très ordinaire, phrénologiquement par- lant, du célèbre italien: il n'était autre que celui d'un bon chanoine de Rome, fort peu artiste de son métier, mais qui aurait pu le devenir ! Rien n'égale le charme des récits de M. Lélut, si ce n'est le sérieux des démonstrations aux- quelles ils conduisent invinciblement; son travail d'anecdotes et d'observations, réuni aux dissertations générales de M. Flou- rens, forme le plus bel ensemble de réfutation dont puisse être honorée une erreur. Mais, revenons à ce dernier qui l'emporte, ce me semble, sur l'autre, parce que, par un rare bonheur, il a su réunir en