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DE LA PIIBÉNOLOGIE. 71
culte particulière de l'intelligence a, dans le cerveau, un or-
gane propre.
La première, dit-il, n'a rien de neuf; la seconde, peut-
être, rien de vrai.
Pour justifier sa première affirmation, M. Flourens jette
un coup d'oeil rapide el plein d'intérêt sur tous les travaux
antérieurs dont le cerveau a été l'objet, soit de la part
des métaphysiciens, soit de celle des naturalistes. Descartes
plaçait l'ame dans la glande pinéale ; Willis, dans les corps
cannelés ; la Peyronie, dans les corps calleux, e t c . . Enfin,
tous les plus grands noms et les moins suspects des deux
sciences: Sœmmerring, Haller, Cabanis, Cuvier, Bichat,
Condillac, Helvétius viennent donner à cette assertion l'ap-
pui de leur autorité : enfin Gall lui-même s'y réunit,
puisque sa localisation même n'est faite par lui que dans
la masse de l'encéphale dans laquelle jusqu'à lui on avait
circonscrit le principe immatériel, mais en respectant son
indivisibilité.
A ce point de la discussion, M. Flourens, avec ce senti-
ment profond des convenances, qui est le trait dislinctif des
véritables savants paye un juste tribut d'éloges aux éminentes
qualités de son adversaire, à la sagacité de son esprit observa-
teur, et au mérite incontestable qui lui revient pour avoir fait
prévaloir cette localisation générale de l'ame dans le cerveau.
« Celle notion, dit—il, était dans la science avant Gall ; on
peut dire que depuis Gall elle y règne. » Gall, en effet, a
démontré victorieusement qu'aucun sens ne pouvait prétendre
à une participation immédiate aux fonctions de l'intelligence.
Suivant lui, ils sont toujours développés en raison inverse de
cette dernière, et seul, le cerveau suit une loi contraire.
La perte d'un sens n'affecte pas l'intelligence; mieux que cela,
l'intelligence rend une vie fictive aux sens et aux organes