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                      DANS LE DRAME.                        61

Girardin professe-t-il aussi pour les anciens le respect exa-
géré que condamnait Pascal. Quand on a lié, comme lui,
avec ces immortels génies de profondes amitiés, on admet
difficilement de nouveaux visages dans cette douce intimité.
On a élevé un temple à ces divinités jalouses et on se décide
difficilement à en faire un Panthéon. Peut-être ce sentiment
a-t-il influencé M. Girardin, quand il a lu les ouvrages
modernes, et autant il avait approfondi les uns, autant il a
effleuré les autres. Il y a quelques jours, M. Saint-Marc
Girardin écrivait avec ironie : Ne soyons injustes qu'envers
nos contemporains. Celte phrase est peut-être sévère, mais
M. Girardin me la pardonnera à cause du nom de Tau-
leur.
   Quoiqu'il en soit, ce que nous reprochons à l'auteur, c'est
sa méthode qui ne pouvait le conduire à des conséquences
légitimes, et ne lui a guère permis d'embrasser que le côté
le moins grave et le moins élevé de la question, ce sont
ses conclusions contraires à des opinions devenues presque
des axiomes, c'est en outre une absence d'aperçus philoso-
phiques, de notions sur l'art que semblait promettre le titre
de son livre. Ce n'est pas assez qu'un critique me dise ce
qui est, il faut encore qu'il m'explique pourquoi cela est.
D'ailleurs son tact, son goût sont-ils tellement surs qu'ils ne
puissent jamais l'égarer? Si l'observation est la base de la
spéculation, la spéculation confirme et souvent rectifie l'ob-
servation. Si M. Girardin ne s'en était pas tenu à des rap-
prochements de textes écourtés, nous en sommes convaincu,
son jugement n'aurait pas été le même.
   M. Saint-Marc Girardin est un homme de beaucoup d'es-
prit, or l'esprit est sceptique. Les gens d'esprit son peu ama-
teurs de réformes et de nouveautés, parce qu'ils ont peu
de confiance dans l'avenir. Les beautés nouvelles ont toujours
un certain air d'étrangeté qui prêle au ridicule, et si l'en-