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A BOUHGOIN. 31 vant rester volontairement en ces lieux, il ne voulait pas non plus permettre a ses protecteurs de lui choisir un autre refuge. 11 fit, au mois de juin, une absence de Monlquin durant trois semaines environ, il se rendit à Lyon, et de là à Nevers pour y présenter ses devoirs à son ancien hôte de Trye. La chaleur, la poussière, la marche, le fatiguèrent extrêmement; mais il supporta toutes ces peines, soutenu par le plaisir que lui fi- rent éprouver les jolies fleurs qu'il cueillit sur sa route. Il trouva, chemin faisant, plusieurs plantes nouvelles pour lui. Le Nivernais était, à cette époque, peu fréquenté, et, par con- séquent, peu connu des botanistes amateurs. C'est au re- tour de cette expédition, qu'éclata la première rupture sé- rieuse de Jean-Jacqnes avec Thérèse Levasseur. Celle vie monotome du philosophe, isolé dans son hermitage, ne pouvait être comprise par elle, ne pouvait lui plaire, elle s'enfuit brusquement de Montquin, après une violente alter- cation. C'est de cette époque que date la première brouille de quelque durée, et les reproches amers faits par écrit. C'est alors que Rousseau abandonné, traça cette lettre, pleine de sensibilité, dans laquelle il tâche de ramener sa chère compagne, en rappelant tout ce qu'il a fait pour elle; il lui exprime les sentiments les plus affectueux, lui pose des règles de conduite pleines de sagesse. Celte lecture peut donner une idée de l'amitié profonde que Jean-Jacques portait à sa femme, et de l'empire que Thérèse, sans s'en douter peut- être, exerçait sur l'esprit de son époux. Cette lettre est une des plus curieuse de la volumineuse correspondance. C'est des plaintes qu'elle renferme qu'il est question dans la Biographie universelle de Michaud, mais elles sont, comme on le voit à présent, bien postérieures au temps qu'on leur assigne dans cet ouvrage. Le rapprochement entre les deux époux, ne tarda pas toutefois à s'opérer, Thérèse reparut à Montquin. Après