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A B0URG01X. 29 ques ou religieux tournaient en ridicule l'Histoire sainte, et Dieu lui-même. Aujourd'hui encore, on voit assez bien con- servée la reproduction de l'orgie de Loth et de ses filles, et, en regard, la peinture burlesque du Sacrifice d'Abraham. Le père, armé d'un long fusil, ajuste Isaacd'un air terrible, mais, un ange, pour l'arrêter dans son dessein, vole, et, planant au dessus de l'arme à feu, humecte la poudre, en employant un procédé très simple, qui ne suffirait plus à cette heure, de- puis l'invention des capsules et des fusils à piston. C'est un fermier de M. le comte de Meffray, héritier de la famille Sezarge qui occupe aujourd'hui l'ancienne maison de Rousseau; il fait lui-même avec simplicité et bonhommie l'ex- plication des peintures qui existent encore, il rappelle aussi quelques-unes de celles que le temps a détruites. Le souvenir de cet hôte illustre est resté très vif dans le pays : il y a quelques années à peine, plusieurs vieillards disaient l'avoir connu. Des anecdotes sur sa vie y sont conservées pat- tradition. Si Rousseau était parfois emporté et haineux, son cœur avait aussi des élans de générosité capables de lui faire pardonner ses défauts : le trait suivant qui est authentique, en est la preuve. A proximité de la retraite de Montquin, toujours sur la hauteur, dans le petit village de Maubec, la cabane d'un pauvre paysan devint la proie des flammes. Ce malheureux, en un instant, fut réduit à la plus profonde dé- tresse. Rousseau, témoin de ce désastre et du désespoir d'une famille ruinée, donna sur le champ la somme nécessaire pour relever l'habitation, pour acheter de nouveaux instruments de travail. On m'a montré la bicoque couverte de chaume, re- construite par ses bienfaits; elle est occupée encore par de pauvres cultivateurs descendants de celui qu'il secourut; la mémoire de Rousseau vit dans leur cœur, ils ne connaissent de lui que sa générosité. Leur demeure est désignée à Maubec sous le nom de maison du bon Jean-Jacques.