Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
 500                 MON VOYAGB A PARIS.

    Le bedeau qui nous accompagnait remarquant l'étonné -
 ment que nous causait la lecture de cette inscription, nous
 apprit que, moyennant forte somme, tout le monde pouvait
 se faire enterrer dans le temple consacré à la sépulture des
 rois et des grands hommes anglais. Beaucoup de gens, pous-
 sant l'orgueil au-delà même de la durée de la vie, achètent
 à prix d'or cette vaine distinction qui sauve leur nom de l'ou-
 bli pour le livrer au ridicule.
    Cet incident refroidit quelque peu notre enthousiasme ;
 mais nous n'en restâmes pas moins pénétrés d'admiration
 pour la beauté du temple.
    De Westminster - Abbey, nous allâmes à la Chambre des
lords. Ce n'était pas le moment des séances. Nous fûmes in-
 troduits dans la grande salle : nous ne manquâmes pas ,
selon l'usage adopté par tous les visiteurs, de nous asseoir
les uns après les autres sur la balle de laine servant de siège au
président, et d'essayer les fauteuils dans lesquels se prélassent
les nobles pairs. Nous ne nous aperçûmes pas que ces actes
de futile curiosité eussent rien ajouté à notre mérite, ni
même, il faut l'avouer, à notre bien-être, car, en vérité, j'a-
vais d'aussi bons fauteuils chez moi.
   En sortant de la chambre des lords, nous nous rendîmes
 sur le bord de la Tamise , et nous nous embarquâmes pour
Greenwich sur le bateau à vapeur le Crache-Feu. A peine
étions-nous à bord, que le bateau leva l'ancre et partit pen-
dant qu'un orchestre, établi sur l'arrière du bâtiment et com-
posé de deux clarinettes, un ophicleïde et un violon, jouait à
grand bruit l'air célèbre de » God save the queen ». La marée
était haute, le temps magnifique ; les eaux scintillantes de la
Tamise étaient sillonnées par une foule de barques et de na-
vires de toutes formes et de toutes dimensions. Notre bâti-
ment, poussé par sa puissante machine, semblait voler sur
les eaux. Bientôt nous eûmes dépassé le pont de Londres ,
ce modèle de légèreté, de solidité et de grâce ; nous décou-
vrîmes alors l'immense quantité de vaisseaux qui, sans cesse