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 370                      DE L'HOMME

    Suivant l'enseignement philosophique, le mal est pareille-
 ment entré dans le monde par la faute d'Adam et d'Eve,
 lesquels, en sortant des mains du Créateur, furent aussitôt
 éclairés par la lumière divine sur les conditions morales
 de leur existence au milieu de l'univers, c'est-à-dire, sur
 la règle de conduite qu'ils devaient y suivre ; trompés par
 une illusion qui séduisit leur esprit, ils eurent la témérité
 de soumettre à leur examen celte règle que leur prescrivait
 la justice de Dieu, ils la trouvèrent gênante, et l'amour de
 soi prenant en eux la place de l'amour du devoir, ils se
 firent eux-mêmes une règle qui devint le motif déterminant
des actes de leur volonté. La préférence donnée par le p r e -
 mier homme et par la première femme au principe de l'a-
 mour de soi, est donc, philosophiquement parlant, ce qu'on
 appelle le péché originel, dont toutes les mauvaises actions
 ne sont que des conséquences.
    Il est donc établi par l'enseignement historique du chris-
tianisme, comme par l'enseignement philosophique, que le
 mal moral est entré dans le monde par le fait de la vo-
lonté du premier homme et de la première femme, lesquels,
créés libres, c'est-à-dire avec la faculté de choisir entre l'a-
mour de soi et l'amour du devoir, eurent le tort de se dé-
terminer pour le premier. Quant au mal physique, que
l'enseignement historique fait pareillement entrer dans le
monde en punition de la désobéissance d'Adam et d'Eve,
l'enseignement philosophique s'en occupe fort peu, attendu
qu'il ne lui convient pas de se heurter contre des faits ma-
tériels qui sont du domaine de la critique, et que l'étude de
l'homme et de ses facultés intellectuelles sont le grand objet
de ses spéculations.
    L'enseignement historique dit qu'après la désobéissance
d'Adam et d'Eve, Dieu annonça à l'un que la terre serait
maudite à cause de ce qu'il avait fait, et qu'il n'en tirerait