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LE MUSÉE LAPIDAIRE. 341 une très-belle armure d'acier d'un travail presque miracu- leux par la richesse et la perfection des arabesques, qui n'ont cependant rien que de grand et de largement taillé, ce qui est rare dans la ciselure moderne. Le dos est plus beau que le poitrail ; ce qui peut faire présumer que l'artiste avait commencé par la pièce principale, mais qu'il s'était instruit lui-même en travaillant, et que plus il avançait dans son entreprise, plus il approchait de la perfection. La crosse émaillée gothique et assez grossière d'Humbert, Dauphin de Viennois, contraste à merveille avec ces armes éclatantes. Des bahuts du XVIe siècle, dont l'un a encore sa serrure primitive, renferment ou supportent un grand nombre d'ob- jets plus ou moins anciens, tels qu'une dame à jouer, qui doit être du XII e siècle ; plusieurs peignes de buis, sur les- quels il y a des inscriptions galantes. Ils paraissent du temps de Charles IX, et semblent avoir été des dons d'amour ou des gages d'amitié ; sur l'un, on lit en lettres gothiques: Je vous aime ma belle amie Plus que dame qui soit en vie. Un autre a une de ses faces à coulisse ; elle se tire et ca- che un miroir : on y lit : POUR BIEN JE LE DONNE. Cette d e - vise est accompagnée d'un cœur traversé d'une flèche. Les deux faces d'un autre se tournent en volets, et forment ainsi quatre peignes. On y lit ce rébus conforme au goût du temps : DE BON (un cœur figuré) JE LE DONNE. Un autre morceau de buis est façonné en livret avec ces mots : POUR BIEN MON COEUR AVEC. Enfin le roi Charles IX est figuré lui-môme à mi-corps sur une autre boîte d'un travail délicat ; en face de son image esl celle d'une femme que je crois être Marie Touchet, sa maîtresse (1). Une coulisse se lève, et laisse voir une place destinée à mettre un portrait. (i) M. Bourdois, médecin de Sa Majesté le roi de Rome, possède un ta-