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ET PAUL-LOUIS COURIER. 277 ger les plaisir du présent, mes yeux se remplissent de larmes involontaires.,.. » Quel exemple que cette vie qui se passe à aimer Lisette et la gloire, où trouvent place toutes les joies naïves du cœur et que n'a jamais souillée aucun vice égoïste, ni l'ambition, ni la cupidité, ni la flatterie; et cela, sans se démentir pendant plus de vingt-cinq ans, tout simplement, tout naïvement, sans songer le moins du monde à passer pour un Brutus ! Oui, qu'il nous soil permis de nous arrêter pour admirer ce sage des derniers jours. Le monde ne parlera pas de ses vertus austères, de ses grands renoncements, de ses stériles macéra- lions, grandeurs infécondes d'un passé ignorant; mais les hommes de cœur aimeront celte vie de poète qui ne demande, pour être douce et belle, que de l'amour et de la gloire ; ils se sentiront de la sympathie pour ce chantre aux mélodies immortelles, dont le courage sans faste n'a poursuivi jamais qu'un seul bien : une existence libre et ignorée. Et pourtant, combien ne voient en lui qu'un épicurien ai- mable ! Non, s'il chanta ces plaisirs qui n'ont besoin ni de la fortune ni de la puissance, et ne coûtent de larmes à per- sonne, ce n'est pas qu'il encensât les idoles grossières d'Àris- lippe; mais encore moins son cœur a-t-il jamais compris l'égoïsme, celte sublime sagesse d'Epicure, qui, tranquille sur le rivage, contemple avec joie la menace d'un naufrage : Suave mari magno turbantibus cequora ventis E terril magnum alterius spectare laborem, etc.. Non, il n'eût pas écrit ces vers, lui qui se sentait si ému de la mort d'Escousse et de Lebas, lui qui fit YÊxilè, et disait d'un Ion pénétré sur la tombe de Debraux : De sa famille allégez l'indigence , Riches et grands, achetez ce recueil; A lanl d'esprit passez la négligence ;